Login to Kifflire
icon 0
icon Recharger
rightIcon
icon Historique
rightIcon
icon Déconnexion
rightIcon
icon Télécharger l'appli
rightIcon
Daemonuis The Divide

Daemonuis The Divide

Florinalirlandaise

5.0
avis
Vues
5
Chapitres

Annabellia et Julian, deux êtres différents et pourtant si semblables. Lors de leur première rencontre, cela fait des étincelles. Les sentiments, elle les a rayés de sa vie comme le sexe, ce qui peut être étrange pour une succube. C'est plus qu'une lubie, c'est son salut. C'est ainsi depuis des siècles et ça ne changera pas. Lui n'a qu'une obsession : la posséder. Quitte à mettre en périls son identité secrète ainsi que toute son existence. Daemonuis et the Divide : deux organisations, un but commun. Découvrez une autre facette de l'enfer, vous changerez alors d'idées sur les forces du mal...

Chapitre 1 Découverte

Installées sur la terrasse dans nos tenues d'entraînement, nous enchaînons les mouvements de tai-chi en silence. Chacune prise dans nos réflexions ou plus vraisemblablement nos souvenirs, vu les larmes qui viennent humidifier les cils de ma compagne.

Je ne dis rien, je ne suis pas beaucoup mieux, mais je continue. J'ai besoin de ces exercices pour me recentrer et peut-être garder le peu de raison qu'il me reste. Seulement, les images saturent ma mémoire autant que la sienne. Lorsque nous avons un passé comme le nôtre, soit on devient fou, soit on apprend à le faire taire. Alors je serre les mâchoires et je poursuis les mouvements que m'a enseignés Narumi.

Je devrais être attentive et veiller à l'équilibre de mon esprit, mais à l'instant, c'est le sien qui m'inquiète. Je souffle de dépit, elle ouvre un œil et je suis comme toujours saisie par la sagesse que je lis dans son regard.

- Qu'est-ce qui t'arrive, Anna ? me demande-t-elle.

Sa voix est si douce que j'ai l'impression d'entendre un tintement de carillon. Je me suis toujours interrogée sur sa délicatesse. Est-ce un trait de caractère hérité de son espèce ?

Oh minute ! Je vous vois venir. Alors oui, mon amie est asiatique, mais pas un instant l'idée d'y faire référence m'a effleurée. Au-delà de son ethnie, ma complice, qui peut vous paraître inoffensive avec sa petite taille, ses yeux en amande et son teint de miel, n'en reste pas moins létale. Sa voix est aussi douce qu'un chant d'oiseau, mais ses armes sont plus tranchantes que peuvent l'être ses mots.

Narumi Sato est une kitsune. Je ne l'ai jamais vue sous sa forme de renard, pourtant, je suis persuadée que sa force s'avère plus grande qu'elle le laisse figurer. Les roses ont des épines, celles de Narumi sont en plus vénéneuses.

- Tu accouches ? râle-t-elle. Pourquoi souffles-tu à mon oreille comme un hippopotame en rut ?

- Charmante, ta comparaison ! rétorqué-je, sèchement.

- Tu es mal placée pour parler vu les petits noms dont tu m'affubles constamment, me réplique-t-elle du tac au tac.

Je chéris cette fille et son répondant. Elle peut vous paraître sensible lorsque ses prunelles couleur chocolat se posent sur vous et elle vous désarçonne en deux secondes avec des blagues nulles au possible.

- Quoi, tu n'apprécies pas que je t'appelle Rox ?

Je ne peux m'empêcher de pouffer en la voyant me regarder fixement.

- Tu as encore osé ! Tu sais que j'ai l'âge d'être ta mère !

- Plutôt ma grand-mère. Allez, mamy, je te laisse passer devant, lui adressé-je en riant.

Je n'ai pas le temps de dire ouf que je suis déjà sur le dos. Je me relève rapidement et nous nous tournons autour, à la recherche de la faille défensive chez l'une et l'autre.

- Tu aurais dû me dire que tu voulais prendre une raclée, s'exclame-t-elle en me donnant un coup de pied circulaire.

De nature assez souple malgré un surpoids évident qui porte à croire le contraire, je m'élance puis saute pour éviter sa jambe fine. Je la saisis et je la fais passer sur mon dos. Mais je n'ai pas le temps de la plaquer à terre, qu'elle m'a déjà soulevée comme une plume et me balance en l'air. Ma colonne vertébrale rencontre le sol durement. J'expulse tout ce que contiennent mes poumons sous l'impact, tout en me remettant debout rapidement.

- Ce serait plus marrant avec de l'équipement adéquat, m'écrié-je en faisant apparaître nos lames.

Un sourire effleure son visage alors qu'elle se baisse pour me saluer. Je me mets en position et l'honore à mon tour.

Encore une fois, nous reprenons notre danse pour la victoire. Soudain, elle abat son arme sur la mienne avec une force qui aurait brisé le bras d'une femme moins entraînée. Je souris à mon tour et nos lames claquent dans un bruit métallique. Chaque geste que nous avons effectué pendant nos exercices se ressent dans notre combat. Les coups s'enchaînent à un rythme effréné et malgré la sueur qui perle sur nos fronts, personne ne lâche. Ni elle ni moi, nous sommes aussi revanchardes l'une que l'autre. Nous sommes des démons après tout, et cela même dans nos joutes amicales.

Je réussis à la pousser au bord de la falaise qui jouxte le terrain de notre nouvelle demeure. Loin d'être décontenancée, elle prend appui sur ses jambes, exécute un salto parfait dans les airs et arrive juste derrière moi. Je sens la pointe de son katana entre mes omoplates.

- Demande grâce, Anna, s'écrie une voix apeurée.

Je lâche un soupir en me tournant silencieusement vers cette dernière.

- Sélène, nous nous amusons, détends-toi ! bougonne Narumi.

Je me dirige sourire aux lèvres vers notre coloc qui, au même titre que les autres, est devenue une amie.

- Rassure-toi, mamy me montrait juste comment elle se battait dans sa jeunesse avec Attila, lui expliqué-je en riant.

Celle-ci lève les yeux au ciel et râle :

- On pourrait croire que ta double espèce te rendrait plus intelligente...

Je fronce les sourcils. J'ai horreur qu'on me rabaisse à mon statut de bâtarde. Elle le sait.

- Anna, attends, s'exclame-t-elle en se rendant compte de sa bévue. Ces mots m'ont échappé.

Le mal est fait, je me renferme sur moi-même, je les plante sur place et me dirige vers la maison pour descendre dans la salle de musculation. Frapper sur quelque chose me fera du bien et si je peux éviter que cela soit sur mes amies, il vaut mieux que je les abandonne là. Furieuse et triste à la fois, je surprends Sélène soupirante en plein murmure :

- Tu n'es pas responsable, ne t'en veux pas, nous avons toutes notre croix à porter.

Sélène est une fée, et si elle dit cela, c'est qu'elle a surmonté bien des épreuves. Ne la voyez pas comme une petite chose, car elle mesure un mètre soixante. Oui, nous sommes loin de la minuscule pixie des dessins animés. L'unique phénomène qui pourrait choquer les humains repose sur sa chevelure verte, mais son caractère introverti la rend à peine visible aux yeux des gens. Pourtant, ils ratent quelque chose, ses yeux sont de la même couleur que ses cheveux bien qu'ils aient une teinte plus claire. Son visage en pointe et ses traits fins font d'elle une femme presque irréelle.

Cependant, cette peur des autres, de l'inconnu, est bien présente, elle. Cette crainte, on la retrouve parfois chez Topaze, sa sœur. Ainsi qu'avec Sky et Snow, ses frères, plus jeunes qu'elle. Je les ai sortis de la cellule où ils croupissaient dans les geôles de ma famille. Oh ! Ne me voyez pas comme une héroïne, j'avais juste la trouille et j'espérais que ma fuite des abysses passe inaperçue, noyée dans la masse.

Seulement, voilà, même les plans que l'on pense parfaits comportent des exceptions et je me suis laissée prendre à mon propre piège, affublée d'amis tous aussi disparates qu'étranges et tourmentés que moi. Ce tempérament solitaire, le démon que les enfers ont forgé, je me retrouve à la tête d'une maison contenant une bonne quinzaine de personnes. Le pire, c'est que je ne l'ai pas vu venir. En toute honnêteté, j'aime ça.

J'administre dorénavant une organisation qui se compose de petites auberges. Quelle que soit votre origine, ici, vous aurez la paix. Ce sont des sites sanctifiés comme toutes les demeures de : the Divide. La fracture, un nom bien trouvé pour celle qui se bat contre les siens.

Je suis entrée comme un automate dans notre salle réservée aux entraînements, j'ai posé mes affaires et me suis dirigée vers la partie que nous prédestinons aux sports de combat. Je suis perdue dans mes pensées et comme d'habitude, mes poings malmènent le sac de frappes sans que j'y prête garde. De la poussière commence à tomber doucement, encore un que je devrai changer.

Vous devez vous demander qui je suis. Le souci, c'est que je ne suis pas capable de vous l'expliquer, ne le sachant pas moi-même. La seule chose dont je suis certaine en revanche, c'est que l'on ne veut surtout pas me croiser dans une ruelle sombre au risque que cela soit votre dernière vision.

Impossible d'admirer notre reflet dans cette pièce dédiée au sport. Notre apparence s'avère être un réel problème pour chacun de nous. D'ailleurs, vous n'y trouverez aucun miroir hormis ceux cachés dans des meubles ou ceux apparents dans les salles de bains. Nous savons à quoi nous ressemblons, pas la peine de nous le renvoyer au visage (si je puis dire) toutes les cinq minutes. Enfin, ça, c'était avant la lubie de Nicholas...

- Diantre, qu'a-t-il fait, le pauvre, pour subir ainsi ton ire ? déclame une voix masculine proche de moi.

Tiens ! quand on parle du loup, on en voit la queue comme dit le dicton. Sans lui répondre, je change mon poing de trajectoire pour le lui écraser sur la mâchoire, mais il se décale au dernier moment sans se départir de sa mine insolente.

– Tu triches, m'écrié-je.

– Non, je me préserve, gente dame. Parbleu ! Je n'ai jamais levé la main sur une damoiselle, et cela depuis des siècles. Je ne me vois pas commencer ce jour.

– Nicholas ! Sale lâche ! Et arrête de me snober avec tes mots, tu ne peux pas dire merde comme tout le monde !

Oui, je sais, c'est stupide, mais je n'ai pas prétendu avoir la palme de l'intelligence. Sinon, je ne serais pas en train de défier les enfers comme je le fais en cachant les gens qui s'en échappent ou qui fuient leurs conditions.

Avant que mon adversaire ne réalise mon geste, je lui décoche un coup de pied censé le faire valser, seulement c'est à peine s'il cille. Essayer de vous battre avec un suppôt de Satan ou tout être supérieur comme certains aiment à s'appeler revient à donner des coups de pied dans un mur en titane. Lui n'a aucune égratignure et vous vous demandez ce qui a pu se passer dans votre petite tête pour réagir comme ça.

Je l'examine alors qu'il lève un sourcil interrogateur tout en gardant ses bras croisés sur son énorme torse. Je dois avouer qu'il n'est pas moche à contempler, comme tous les démons d'ailleurs, c'est bien ce qui fait de nous le mal absolu, non ?

Ses longs cheveux noirs sont retenus en tresse libre sur son dos. Son regard d'un bleu profond ne lâche aucun de mes mouvements. Sa haute stature impressionne toujours et il en joue beaucoup. Ses muscles puissants et déliés font tomber les femmes en pâmoison. Combien de fois s'est-il vu proposer de devenir chippendale ? Je ne compte même plus.

Il ne porte qu'un cycliste sombre, qui ne laisse aucune place à l'imagination. Pourtant, il n'éveille rien chez moi. Je sais qu'il en est de même pour lui. Cette partie de nous est morte il y a longtemps. Et même si pour le moment il semble être au repos, je suis sûre que c'est une ruse. Je l'ai souvent vu se battre avec les hommes qui habitent ou passent ici, et sa force n'est pas feinte, loin de là.

Sorti grâce à moi de la prison dans laquelle ma famille le retenait, j'ai parfaitement connaissance de ce qu'on lui reprochait. Alors que j'essaie d'endiguer le flot de souvenirs qui afflue dans mon cerveau, Nicholas La Croix devine le fond de ma pensée. Ses yeux se voilent de douleur instantanément. Pour lui, mais aussi pour moi, il est un des rares à savoir ce que j'ai fait, mais surtout qui je suis.

*Les pixies (également appelées piskies et pigsies dans les Cornouailles) sont des créatures légendaires du folklore britannique, censées être très répandues dans les landes du Devon et des Cornouailles2, d'où l'idée d'une origine celtique pour le mot et la croyance. Selon la tradition, les pixies sont de petite taille et ont une apparence enfantine, ils aiment danser et se battre.

Continuer

Inspirés de vos vus

Chapitres
Lire maintenant
Télécharger le livre