Je reviendrai (I will come back stronger)

Ca doit faire trois jours environ que je me suis enfuie. Je n'entends plus les hurlements de mon oncle derrière moi.

" TU NE POURRAS PAS FUIR INDEFINIMENT IVY! JE TE RETROUVERAI! "

Je n'entends plus rien à vrai dire. Je me suis enfoncée dans cette forêt il y a quelques heures déjà, et plus j'avance plus le silence se fait lourd. Je cours depuis tellement longtemps que je ne sais même pas si je peux m'arrêter. De toute façon je ne veux pas m'arrêter. J'ai peur de ralentir, c'est un étrange sentiment. J'ai peur que, si je m'arrête, tout cela n'aura été qu'un rêve et je me retrouverais de nouveau dans cette chambre humide et froide. Alors je continue.

Mais je suis à bout de souffle, mes jambes ne me tiennent plus. Je trébuche sur les racines et la nuit est en train de tomber. Je suis affamée, assoiffée, et en plus de tout ça ma plaie s'est remise à saigner. Alors doucement je ralentis la cadence jusqu'à m'appuyer contre un arbre. Je reprends mon souffle et regarde autour de moi. Je ne vois que des arbres à perte de vue. Devant moi, derrière moi, à côté de moi ... Ok c'est bien une forêt.

Le soleil est quasiment couché maintenant, on est fin août alors il doit être environ 21h, ou un peu moins, mais il fait encore bon. Je ne risque pas d'avoir trop froid si je dors à la belle étoile. Mais soudain j'entends un craquement un peu plus loin derrière moi, je sais que ce n'est probablement rien. Un animal sûrement. Mais mon poing se resserre autour du couteau que je tiens encore dans la main, et je reprends ma course.

Au bout de deux ou trois kilomètre, j'aperçois de la lumière. Une maison ! Enfin quand je dis maison, c'est clairement un euphémisme. En me rapprochant je me rend compte que le terme de manoir est plus approprié. Située à l'orée de la forêt la demeure semble faire un ou deux étages pas plus, mais étendue en longueur elle est impressionnante. Je ne prends cependant pas le temps d'admirer l'architecture et je me précipite vers le porche éclairé. Me croyant encore poursuivi j'avoue bafouer le sens des convenances et j'entre sans frapper. Une fois à l'intérieur je referme la porte derrière moi et me colle au judas en retenant mon souffle ...

- Que ...

J'entends une voix derrière moi mais je ne la laisse pas prononcer un mot de plus, sans me retourner je tends le bras l'index relevé pour inciter cette personne à se taire.

- Mais ...

La voix se rapproche et je pose alors ma main sur sa bouche, toujours sans me retourner. Quelques secondes passent, mon cœur reprends un rythme normal et je me sens rassurée. Je me retourne alors vers la voix en question, ma main toujours plaquée sur sa bouche. C'est un garçon, très beau garçon même. Je discerne dans ses yeux bleus de la curiosité mélangé à de l'amusement. Je retire précipitamment ma main et je bafouille des excuses :

- Je suis vraiment désolée, j'étais perdue dans cette forêt et j'ai vu de la lumière du coup ...

- Tu es entrée ? C'est plutôt cohérent, logique imparable. Me coupe-t-il, amusé de la situation.

Avant que je puisse répliquer, j'entends deux autres garçons arriver.

- Tu entends ça Yohan ? Ethan n'a pas tenu 10min sans nous ramener une nouvelle conquête.

- Qu'est-ce qu'il disait déjà tout à l'heure ?

- Promis les gars ce soir c'est soirée mec ! Disent-ils en cœur

- Nan mais ce n'est pas ce que vous croyez ...

- Ouuui, à d'autres. Tu vas aussi nous dire que cette jolie jeune fille à vu de la lumière et est simplement entrée c'est ça?

- Bah ... En tout cas c'est son excuse. Répond le dénommé Ethan en haussant les épaules

Les trois regards se posent alors sur moi. Je ne sais pas trop à quoi je ressemble mais je ne dois pas être agréable à voir, je dois même faire peur ! Mon t-shirt blanc est taché de sang, mon jean noir est troué (et non pour le style), mes genoux sont écorchés, mes cheveux sont en bataille et c'est sans compter le couteau ensanglanté que je tiens dans la main ... On dirait le début d'un mauvais film d'horreur. Comme première impression je pense qu'on peut difficilement faire pire.

J'observe aussi de mon côté ces trois garçons qui se tiennent devant moi. Ils semblent avoir la vingtaine.

Ethan, celui qui m'a ouvert, est assez grand. Il a des yeux bleu et les cheveux châtain clair, ni trop long ni trop court. Habillé d'un simple t-shirt gris et d'un jogging assorti, il est très beau et il le sait, ce mec déborde d'assurance.

Le second, Yohan, est tout aussi beau garçon. Grand, une mâchoire saillante, des cheveux court et des yeux clair. Son regard est perçant et me donne l'étrange impression d'être passer aux rayons X.

Le dernier, dont j'ignore le nom, semble à la fois intrigué et amusé. Il doit faire huit bon centimètres de plus que moi, son regard est rieur et ses cheveux sont presque noir.

Putain, je suis tombée dans le manoir playboy ou quoi ?

On se dévisage ainsi pendant une à deux minuit, puis le dernier brise le silence :

- Ok, donc si je comprends bien pour pécho faut allumer la lumière ?