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Stupide Milliardaire

Stupide Milliardaire

Kyria

5.0
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114
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36
Chapitres

Pour certaines personnes, l'argent achĂšte tout, mĂȘme les cƓurs. Vincent Durand est un milliardaire habituĂ© Ă  obtenir ce qu'il veut. Mais lorsqu'il tombe sous le charme de Camille, une jeune femme aussi ambitieuse que mystĂ©rieuse, il se rend compte que certains jeux sont bien plus dangereux que les simples transactions financiĂšres. DerriĂšre les sourires et les promesses se cachent des trahisons, des manipulations, et une soif de pouvoir qui ne connaĂźt aucune limite. Camille, quant Ă  elle, n'est pas prĂȘte Ă  se laisser consumer par les flammes de l'aviditĂ© de Vincent sans y laisser sa propre marque. Alors que l'amour se mĂȘle Ă  la haine, que la passion se transforme en vengeance, et que la vĂ©ritĂ© se drape de mensonges, les deux amants s'engagent dans une danse macabre oĂč seul le plus rusĂ© survivra.

Chapitre 1 Chapitre 1

Camron Sims, jeune milliardaire au tempérament rebelle et fils cadet du deuxiÚme homme le plus riche de New York, servait du ragoût dans des assiettes en fer blanc aux pauvres et démunis du refuge pour sans-abri de Borhood, un acte de bénévolat imposé par son pÚre. Tandis qu'il versait le ragoût, la réalité brute de la pauvreté à Manhattan s'imposa à lui, et ce qui le dérangeait le plus, ce n'était pas l'apparence négligée des gens ou leur odeur corporelle, mais bien l'odeur du désespoir qui planait dans l'air.

Il se demandait pourquoi cette odeur le perturbait autant, surtout qu'il avait dĂ©jĂ  cĂŽtoyĂ© le dĂ©sespoir dans les cercles huppĂ©s qu'il frĂ©quentait. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce parce qu'ici, dans ce refuge, le dĂ©sespoir Ă©tait exposĂ© au grand jour, sans fard ni maquillage. Cela le mettait mal Ă  l'aise, et Camron dĂ©testait par-dessus tout se sentir mal Ă  l'aise, surtout lorsque cela le poussait Ă  parler de maniĂšre impulsive.

« Je n'aime pas ça », dit-il à un vieil homme édenté qui se tenait devant lui, tendant une assiette. « Désolé, mais je ne peux pas supporter ce désespoir. » Camron versa du ragoût dans l'assiette de l'homme. « Le désespoir, c'est pas terrible, mais c'est supportable d'une certaine maniÚre, tu vois ? »

Le vieil homme le regarda sans expression, puis s'Ă©loigna comme si Camron n'avait rien dit. « Et vous ? » demanda Camron Ă  un autre vieillard qui paraissait beaucoup plus vieux que son Ăąge. « Vous voulez du dĂ©sespoir avec votre dĂ©sespoir ? Ou ĂȘtes-vous plutĂŽt du genre Ă  prĂ©fĂ©rer une portion de dĂ©sespoir avec un cĂŽtĂ© de dĂ©sespoir ? »

L'homme cligna des yeux, visiblement perdu, et Camron continua Ă  servir le ragoĂ»t. « MoitiĂ©-moitiĂ©, non ? Vous aimez Ă©quilibrer le dĂ©sespoir et le dĂ©sespoir ? J'aime ça. La vie, c'est une question d'Ă©quilibre, aprĂšs tout. » L'homme secoua la tĂȘte, marmonna quelque chose dans sa barbe et s'Ă©loigna pour chercher du pain, tandis que le bĂ©nĂ©vole Ă  cĂŽtĂ© de Camron lui jetait un regard dĂ©goĂ»tĂ©.

Camron se rendit compte qu'il parlait encore trop, mais comment aurait-il pu rĂ©agir autrement ? Il aurait prĂ©fĂ©rĂ© simplement jeter de l'argent sur le problĂšme, Ă  distance, sans avoir Ă  faire face Ă  la misĂšre humaine, aux visages fatiguĂ©s et aux vĂȘtements en lambeaux.

Malheureusement, Ă  cause d'une altercation avec un paparazzi qui avait pointĂ© son appareil photo devant lui, Camron se retrouvait dĂ©sormais dans cette situation. Le paparazzi, comme beaucoup d'autres, avait flairĂ© l'occasion d'un bon coup mĂ©diatique dĂšs que Camron avait saisi son appareil photo pour le jeter Ă  la poubelle. RĂ©sultat : accusations d'agression, malgrĂ© le fait que Camron ne l'avait mĂȘme pas vraiment touchĂ©.

D'habitude, Godson Sims, pÚre de Camron et directeur de Sims Corp, laissait ses fils se débrouiller seuls avec leurs problÚmes, mais cette fois-ci, il avait dû intervenir. Avec son influence et une somme d'argent considérable, il avait réussi à faire abandonner les charges, mais il avait aussi imposé à Camron une démonstration publique de repentance. Associer le nom Sims à la violence était un faux pas pour les clients de Sims Corp, qui achetaient des produits de sécurité personnelle, mais n'aimaient pas qu'on leur rappelle que ces produits pouvaient aussi tuer.

« Ils achÚtent de la protection », disait souvent son pÚre. « Et c'est ce que nous vendons. »

Camron n'avait aucun problĂšme avec ça, mais ce qui le dĂ©rangeait, c'Ă©tait de devoir s'excuser et s'abaisser. Il Ă©tait un Sims, nom de Dieu, et il n'avait pas Ă  prouver qu'il Ă©tait dĂ©solĂ©, surtout qu'il ne l'Ă©tait pas vraiment. Mais pour obtenir ce qu'il voulait le plus au monde – la propriĂ©tĂ© du ranch de sa mĂšre dĂ©cĂ©dĂ©e dans le Wyoming – il devait obĂ©ir Ă  son pĂšre. Godson Sims, manipulateur expert, tenait ce ranch comme une carotte devant son fils pour le forcer Ă  se conformer.

Ainsi, Camron se retrouvait dans ce refuge pour sans-abri, distribuant du ragoĂ»t aprĂšs une soirĂ©e au Met, sans mĂȘme avoir pris le temps de retirer son smoking. Par la fenĂȘtre, les paparazzi attendaient dehors, photographiant Camron Ă  travers la vitre, tandis que la sĂ©curitĂ© de Sims tentait de les faire circuler.

Camron leur adressa un sourire désinvolte, sachant bien que ce n'était pas la meilleure façon de montrer des remords. La personne suivante se présenta, lui tendant un plateau.

« Qu'est-ce que je peux vous servir aujourd'hui ? » demanda-t-il, l'ennui visible dans sa voix. « Ce sera du ragoût ou du ragoût ? »

Mais cette fois, ce n'Ă©tait pas un vieillard devant lui. C'Ă©tait une femme, petite, vĂȘtue d'une chemise boutonnĂ©e bleu foncĂ© et d'un manteau marron sale, bien trop grand pour elle, avec un bonnet de laine orange hideux. Ses traits Ă©taient anguleux, pas vraiment jolis, mais d'une intensitĂ© captivante, avec des yeux noirs en amande qui lui donnĂšrent l'impression qu'ils le dĂ©chiraient de l'intĂ©rieur.

Elle tendit son plateau sans un mot, ses yeux brillants le scrutant avec méfiance. Par réflexe, Camron lui sourit en lui servant son ragoût, mais son expression resta inchangée. Elle détourna le regard comme s'il n'existait pas, allant chercher du pain.

Camron resta figĂ©, incapable de se rappeler la derniĂšre fois qu'une femme n'avait pas rĂ©pondu Ă  son sourire. Cela aurait pu le dĂ©stabiliser, mais il n'Ă©tait pas du genre Ă  perdre confiance. NĂ©anmoins, il ne put s'empĂȘcher de trouver ironique qu'une femme sans abri puisse ainsi ignorer l'un des hommes les plus recherchĂ©s de New York. Il sourit intĂ©rieurement et l'oublia rapidement.

La nuit suivante, pourtant, Camron était de retour au refuge, arrivant plus tard que d'habitude aprÚs une réunion avec des clients du gouvernement. Ces derniers avaient insisté pour traiter directement avec lui, et il avait su les impressionner avec le dernier modÚle de gilets pare-balles développé par Sims Corp. Son pÚre lui avait fait comprendre que conclure ce contrat le rapprocherait un peu plus du ranch, et cela le mettait d'excellente humeur.

Il sifflait presque en servant le repas du soir-des lasagnes, cette fois-et adressait des sourires aux visages fatigués qui défilaient devant lui. AprÚs avoir servi deux hommes ùgés, trois femmes d'ùge moyen et un jeune homme visiblement accro à la méthamphétamine, il aperçut à nouveau ce bonnet orange horrible dans son champ de vision. Il plissa les yeux, puis son regard descendit jusqu'à croiser des yeux noirs, tout aussi familiers que la premiÚre fois.

Elle Ă©tait lĂ . Encore.

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