DÉRANNE

DÉRANNE

Val Bby

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Déranne est une jeune fille très souciante, maternelle et assez réfléchie qui, face aux conditions de vie extrêmement difficiles par lesquelles passait sa famille, mais surtout face à la maladie qui avait frappé sa mère, avait décidé de sacrifier ses études pour permettre à ses cadets de progresser sans faute avec leurs études. Plus les jours passaient, plus la situation s'empirait. C'est alors que cette dernière s'était lancée à la quête du travail. Car selon elle, le commerce de leur maman ne pouvait pallier à tous les problèmes dont ils faisaient face, d'où son obstination à trouver une occupation génératrice de revenus. Après avoir déposé ses dossiers un peu de partout, elle avait finalement été appelé par Monsieur Serges un ami à son père avec qui il y aurait eu de gros malentendus par le passé. Pensant que le fait d'avoir retrouvé ce Monsieur jouerait à son avantage, cette dernière se vit malmenée, exploitée, humiliée et méprisée par cet homme qui la traitait sans pitié. Le chantage fera donc désormais partir de son quotidien surtout lorsqu'elle se mettra en couple avec Joan.

Chapitre 1 Chapitre 1

Je m'appelle Deranne, j'ai 25 ans. Issue d'une fratrie de sept enfants dont je suis l'ainée, je dois avouer que les conditions de vie n'ont vraiment jamais été aisées pour nous.

À un moment donné, il avait fallu que je me sacrifie pour permettre à mes cadets eux aussi, de bénéficier d'une scolarisation équivalente à celle que j'avais reçu.

Dans une maison pas très grande, ni trop petite, de couleur blanche, composée d'un salon assez spacieux, de 3 chambres, d'une douche et d'une cuisine, je me levai tous les matins et je m'assaillais dans un coin de la maison, sous un froid qui ne me laissait assez indifférente, espérant que se produise enfin un miracle pour ma famille et moi, mais hélas, il fallait encore attendre que le ciel s'ouvre à nous le moment venu.

Nous vivions grâce aux activités champêtres menées par mon père nommé Anatole qui autre fois, était bénévole dans un centre de santé de la place et du petit commerce de ma mère communément appelée ma'a Sido.

Je viens par les présents écrits vous faire part des misères vécues par un homme sadique, sans gènes, malhonnête et cupide qui m'a donné le dégoût de travailler pour quelqu'un d'autre que moi-même.

Tout a commencé il y a deux ans alors que je n'avais que 23 ans. Ma mère était gravement tombée malade et c'était devenu vraiment très compliqué pour mon père de gérer toutes les charges de la maison sachant qu'il n'avait plus une rémunération mensuelle fixe. En tant qu'aînée, j'avais donc jugé utile de me mettre à la quête du travail sans arrêt plutôt que de rester à la maison et voir mes petits frères hurler de famine.

C'est alors que très rapidement, je m'étais mise à déposer les dossiers partout où besoin s'y trouvait : dans les différents points de vente Santa Lucia, dans les parfumeries, dans les snack-bars, dans les secrétariats et je contactais également tous les numéros sur lesquels étaient marqués des offres d'emplois. Je maximisais toutes les chances de mon côté espérant qu'on m'appellerait dans les jours avenirs.

Les choses ne se déroulant pas toujours comme on le souhaite, j'avais passé plusieurs mois en vain sans même recevoir le moindre appel. Totalement refroidie et démoralisée, j'avais pas d'autre choix que de mener à bien le commerce de maman qui nous permettait au moins de sauter du riz afin de pas dormir affamés.

Papa se battait comme il pouvait, mais comme vous le savez, les récoltes ne se font pas chaque mois, encore moins chaque saison. Le peu d'argent qu'il avait déjà économisé avait servi pour les examens médicaux de ma mère suite auxquels, les résultats avaient déclaré que cette dernière était en phase avancée du Diabète.

Tous choqués par ces résultats, nous nous demandions bien comment est-ce que nous nous en sortirions sans tous les moyens nécessaires pour que maman ne nous quitte de façon prématurée.

C'était un coup dur, vraiment dur pour papa, car plus les jours passaient, plus il sombrait dans les soucis et cela me rendait tellement triste à tel point que je passais presque toutes mes nuits à verser des larmes, j'avais l'impression que Dieu n'écoutait plus mes prières ou qu'il nous avait abandonné.

S'il y avait moyen de changer la done des choses, j'aurais souhaité être à la place de maman plutôt que de la voir, elle, souffrir de la sorte. Mais non, il fallait que je reste forte pour mes 6 petits frères qui avaient tous les yeux rivés sur moi.

Voyant que la situation se dégradait au jour le jour, papa avait été obligé de contacter, malgré lui, l'un de ses petits frères, tonton Jospin, qui était cadre dans une Mairie de la place afin que ce dernier lui prête un peu d'argent pour pallier aux besoins médicaux urgents de maman. Malheureusement cet échange n'avait pas été à la hauteur de ses attentes.

Il prit alors son portable et lança l'appel, et sans tarder, Tonton Jospin décrocha :

Papa : Allô..?

Tonton Jospin : Oui allô.

Papa : Bonjour petit frère.

Tonton Jospin : Bonjour grand frère. Ravi de t'avoir au téléphone.

Papa : Le plaisir est partagé mon frère, sinon comment vas-tu ?

Tonton Jospin : Je vais bien et vous là-bas ? J'ai appris pour ma'a Sido, vraiment désolé, elle va mieux?

Papa : Les enfants et moi nous tenons le coup bien que difficile. Et ta femme et les enfants ?

Tonton Jospin : Nous allons tous bien par la grâce de Dieu. Êtes-vous déjà allés à l'hôpital avec ma'a Sido?

Papa : Ravi de savoir que vous allez bien... Pour ta belle sœur, c'est compliqué, d'où mon appel. J'aurais aimé, si possible, que tu me trouves un peu d'argent que je rembourserai dès que possible.

Tonton Jospin : Je comprends ta situation grand frère, mais présentement je suis dans l'incapacité de te venir en aide. Le peu d'argent que j'avais, je l'ai dépensé tout récemment sur un projet. Mais si j'ai possibilité entre temps, je n'hésiterai pas.

Papa : S'il te plaît Jospin, le cas est vraiment inquiétant. J'en ai vraiment besoin...

Tonton Jospin : Je suis désolé mon frère, mais je n'y peux rien. Je vais devoir te laisser car j'ai à faire.

Papa : D'accord, merci quand-même. Bonne fin de journée mon frère.

Tonton Jospin : Bonne journée.

Après cet échange, papa était totalement déçu et d'avantage brisé. Sachant que son frère avait toutes les possibilités de l'aider, mais il avait quand même refusé de lui venir en aide.

D'ailleurs, c'était pas nouveau ! Tonton Jospin n'avait jamais eu d'argent pour qui que ce soit dans la famille, mais mon père s'était dit que puisqu'il s'agissait d'un cas de santé il ferait une exception. Nous ne savions plus quoi faire. Nous n'avions que la prière !!

Quelques jours après, alors que mon père allait ça et là cherchant voies et moyens comment rassembler de l'argent pour que maman se rende à l'hôpital, contre toute attente, il avait reçu un coup de fil de son meilleur ami d'enfance, M. Richard, un grand homme d'affaire pour qui nous avions tous énormément de respect.

Cet homme avait le cœur sur la main, il avait un cœur de famille. Il était prêt à venir en aide à tous ceux qui en avaient besoin de façon naturelle. Pour tout dire c'était un homme bien!!

Ce matin là pendant que papa s'apprêtait pour aller dans son champ de plantains, son téléphone sonna et puisqu'il avait perdu son contact depuis des années, il s'empressa donc de décrocher quelques minutes après la sonnerie d'appel :

Grin grin grin grin grin grin grin grin....

Papa : Allô?

M. Richard : Oui allô vieux frère, ça fait des lustres.

Papa : Des lustres? J'ai du mal à saisir, s'il vous plaît à qui ai-je l'honneur ?

M. Richard : Trop de commodités pour son meilleur ami d'enfance, tu trouves pas ?!

Papa : Mon frère Richard, aucun mot ne saurait exprimer la joie que je ressens présentement. Très content de t'avoir de l'autre bout du fil.

M. Richard : Ça m'aurait étonné que tu sois aussi poli dans tes écrits. Comment vas-tu ? La famille ? Et ma petite capricieuse Deranne ?

Papa : Mon frère, nous sommes là, Dieu fait grâce. C'est pas trop la grande forme mais bon, ça ira.

Ne voulant pas dire à son ami qu'il avait un cas de maladie grave sous la main, il le dissimulait par le fait que ça irait. Le connaissant très bien, M. Richard ne s'était pas empêché de lui faire comprendre qu'il ressentait que quelque chose le tracassait...

M. Richard : Tu sais, tu es une personne pour qui j'ai une très grande affection et une profonde estime. Alors, s'il y a quelque chose qui te perturbe, sois sans crainte, tu peux m'en parler. Je connais bien cette façon de me répondre, ça a toujours été lorsque tu es au plus mal. Alors dis moi, est-ce que tout va bien?

Papa : J'arrive pas à croire qu'après tant d'années de distance tu me connaisses toujours aussi bien. Sinon, de ton côté tout va bien? Ta femme et les enfants ?

M. Richard : Par la grâce de Dieu ça va. Ma femme a même accouché d'un beau garçon il y a 2 mois.

Papa : Toutes mes félicitations mon frère. Je suis ravi pour toi.

M. Richard : Merci beaucoup mon frère. J'espère que tu n'es pas en train de contourner la question. Est-ce que tout va bien Anatole ?

Papa : Je crois oui ! J'aimerais pas t'embêter avec mes problèmes.

M. Richard : Vas-y, parle moi s'il te plaît.

Papa : Puisque tu insistes, la vérité est que depuis quelques semaines ma femme est souffrante. À l'hôpital ils ont diagnostiqué un diabète avancé et depuis j'arrive vraiment pas à me sortir la tête de l'eau. C'est compliqué mon frère, si tu vois ce que je veux dire.

M. Richard : Olalalalalala, je suis vraiment désolé pour ma'a Sido. Une femme très gentille, accueillante et toujours souriante qui repend toujours là bonne humeur autour d'elle, c'est pas elle que cette maladie devrait viser.

Papa : Je t'assure mon frère, cette situation est au-dessus de mes forces. Que Dieu me vienne seulement en aide. je n'espère qu'en lui.

M. Richard : C'est vrai que ces temps ci sont un peu difficiles chez moi, mais je ne saurai rester insensible. Alors, je t'enverrai une somme de 150.000 francs CFA tout en espérant que ça aide notre maman à trouver un peu de répit ! En attendant que je vienne vous voir, enregistre mon contact et tiens-moi informé s'il te plaît, cette situation me touche autant qu'à toi. Nous la porterons en prière ma femme et moi.

Papa : Merci infiniment mon ami. J'ai pas de mots, puisse le ciel rester ouvert pour toi et toute ta maison. Je te tiendrai informé t'inquiètes pas. Merci vraiment pour tout! Je t'en serai éternellement reconnaissant.

M. Richard : Y a pas de quoi. Quand je n'étais rien, tu étais là pour moi, quand je n'avais rien tu m'as au moins une fois donné de quoi manger. Comment resterais-je indifférent face aux problèmes qui t'accablent? Tu es ma famille et la famille ça se soutient.

Papa : Dieu te bénisse Richard.

M. Richard : Amen Anatole. Prends bien soin de toi et de ta magnifique famille. À très bientôt !

Papa : À bientôt mon frère.

Après avoir raccroché cet appel, je voyais mon père sourire sans arrêt; ce qui avait disparu depuis le début de la maladie de maman. Provocatrice de mon état, j'avais pas manqué de le titiller un peu :

Moi : Papouuuuuuuu...

Papa : Oui Deranne

Moi : je te vois un peu trop sourire là qu'est-ce qui te met tant de joie au cœur ?

Papa : Ma fille, je ne sais pas comment remercier celui qui est là haut, il ne cessera de m'étonner ! Dis, te souviens-tu de M. Richard? Mon ami d'enfance qui t'aimait énormément et t'appelait souvent sa capricieuse là ?

Moi : Oui papa, je m'en souviens! comment oublier ce tonton qui nous ramenait tout le temps des pots de yaourts et des chocolats ?? T'a t-il contacté?

Papa : Ça m'aurait étonné que tu ne t'en souvienne, quand il s'agit du chocolat tu as la mémoire fraîche ! Oui il m'a contacté toute à l'heure avec son nouveau numéro.

Moi : D'accord papou. Et qu'a t-il dit?

Papa : Après avoir pris de mes nouvelles, il a été profondément touché par la situation de ta mère et devine quoi?

Moi : Papa s'il te plaît parle, j'aime pas trop le suspense... S'il te plaît Pa'a.

Papa : Pour couper court, il a dit qu'il m'enverrait une somme de 150.000 FCFA toute à l'heure pour ta maman.

Moi : Gloire à Dieu. Ce tonton est tout un sucre. Il ne changera donc jamais avec sa générosité et sa bonté de cœur. Que Dieu le bénisse.

Papa : Amen ma fille!! Je ne m'y attendais vraiment pas...

À peine terminé cette conversation avec mon papa, j'étais allée m'occuper à autre chose. Peu de temps après mon papa m'avait fait savoir que la notification du transfert d'argent des 150.000 frs promis était arrivé dans son téléphone. Il n'en revenait pas, c'était un véritable miracle. Il était allé retirer l'argent et le lendemain il avait amené mama à l'hôpital central de Yaoundé.

Après 5 jours de suivi intense, ils étaient rentrés à la maison. Déjà que les frais d'hospitalisation là n'étaient vraiment plus faciles à supporter. Par la grâce de Dieu, maman se portait beaucoup mieux et suivait à la lettre toutes les recommandations médicales faites par le médecin.

Pendant qu'on savourait encore le retour de maman à la maison, j'avais à mon tour reçu un coup de fil d'un grand secrétariat de la place où j'avais déposé les dossiers qui me demandait de passer le lundi qui suivait pour un entretien d'embauche.

J'étais très contente et j'avais rapidement tenu mes parents informé de cette nouvelle et le lundi comme prévu je m'étais rendue au secrétariat Saint Luc au pour passer mon entretien d'embauche...

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