Chapitre 1 : La Proie et le Prédateur
LE Point de vue de Nikolaï Volkov
Le club vibrait sous l'écho d'une musique assourdissante. Les lumières tamisées projetaient des éclats dorés sur les corps qui se pressaient, dansant dans une illusion de liberté. Un océan de débauche et d'excès, où les âmes perdues cherchaient à oublier.
Moi, je ne cherchais pas à oublier.
Je cherchais à posséder.
Installé dans un coin sombre du VIP, un verre de whisky à la main, j'observais la foule en contrebas. L'odeur du luxe et du vice m'entourait, familière, presque réconfortante. Autour de moi, mes hommes veillaient, discrets mais prêts à intervenir au moindre signe. Ce monde était le mien, bâti sur le sang et la peur. Rien ne me résistait.
Rien, sauf elle.
Mon regard s'attarda sur la femme qui venait d'entrer. Une vision hors de place dans ce temple de perdition. Une robe noire fendue jusqu'à la cuisse, dévoilant une peau trop parfaite. Des cheveux sombres, ondulant comme une rivière d'encre. Et ce regard... un mélange de défi et d'innocence, comme une proie qui refusait de savoir qu'elle était déjà condamnée.
Je l'avais déjà vue. Plusieurs fois.
Toujours là, à la frontière de mon monde, sans jamais y pénétrer entièrement. Comme si elle jouait avec le feu sans vouloir se brûler.
- Qui est-elle ? demandai-je sans détour.
Ma voix coupa net la conversation à ma gauche. Dmitri, mon bras droit, tourna les yeux vers moi avant de suivre mon regard. Il sourit en coin.
- Elle s'appelle Alina Morozov. Serveuse ici depuis quelques mois. Pas du tout le genre à fricoter avec nos affaires. Une fille droite. Intéressant, non ?
Je ne répondis pas. Je savais déjà que c'était intéressant. Trop intéressant.
- Elle attire ton attention ? reprit Dmitri, un éclat moqueur dans la voix.
Je vidai mon verre avant de poser lentement mes yeux sur lui. Il sut immédiatement qu'il valait mieux ne pas insister.
Je me levai, ajustant ma veste.
- Surveille-la.
Dmitri hocha la tête, comprenant l'ordre derrière les mots.
Je descendis les marches du VIP, m'engouffrant dans la foule comme un prédateur invisible. Les corps s'écartèrent sur mon passage, certains par peur, d'autres par instinct.
Elle ne me vit pas arriver.
Accoudée au bar, elle discutait avec un collègue. Son rire était léger, vrai. Un son qui n'avait pas sa place ici. Je m'arrêtai juste derrière elle, laissant mon ombre la recouvrir.
- Un whisky, ordonnai-je au barman.
Elle se figea.
Je sentis sa respiration ralentir imperceptiblement, comme si son corps avait compris avant son esprit. Lorsqu'elle se tourna enfin, ses yeux rencontrèrent les miens. Un mélange de surprise et d'alerte. Mais pas de peur. Intéressant.
- Vous devriez apprendre à ne pas vous approcher silencieusement des gens, dit-elle en haussant un sourcil.
Sa voix était douce, mais teintée d'assurance. Je souris, amusé.
- Et vous devriez apprendre à ne pas trop attirer l'attention, répliquai-je en levant mon verre.
Elle pinça légèrement les lèvres, comme si elle hésitait entre partir et répondre. Finalement, elle choisit de rester.
- Et en quoi je vous attire, exactement ? demanda-t-elle d'un ton presque défiant.
J'adorais ce genre de provocation. Je me penchai légèrement vers elle, réduisant la distance entre nous.
- Mauvaise question, murmurai-je. Vous ne devriez pas vouloir connaître la réponse.
Elle soutint mon regard. Pas de rougeur, pas de recul. Juste une analyse rapide, comme si elle essayait de me percer à jour.
- Vous êtes du genre dangereux, n'est-ce pas ?
Je laissai échapper un léger rire.
- Je suis le genre d'homme que vous feriez mieux d'éviter.
- Et pourtant, c'est vous qui êtes venu me parler.
Un sourire en coin étira mes lèvres. Elle était intelligente. Elle ne jouait pas la carte de la fille effrayée ou impressionnée.
- Parce que je voulais voir si la lumière qui brille en vous est aussi réelle que ce qu'elle laisse paraître.
Elle cligna des yeux, surprise par mes mots. Pendant un instant, elle parut vulnérable. C'était une erreur.
Car dans mon monde, la vulnérabilité se payait toujours.
- Je n'ai rien à voir avec votre monde, dit-elle après un silence.
- Peut-être pas. Mais mon monde a déjà quelque chose à voir avec vous.
Elle fronça les sourcils, confuse. J'aimais ça. J'aimais la façon dont elle ne réalisait pas encore qu'elle venait d'entrer dans un jeu dont elle ignorait les règles. Et moi, Nikolaï Volkov, j'étais le seul maître de ce jeu.
Le problème ?