PROLOGUE
Aie mon dos est douloureux. Depuis que je suis courbée pour lancer le maïs dans ce champ. Je passe la main sur mon front pour essuyer la sueur qui est remplie. Heureusement que j’ai commencé tôt ce matin parce qu’avec la chaleur ci, je n’allais pas m’en sortir. Je balade les yeux aux alentours et je suis contente du travail que j’ai accompli. Je me dirige vers l’arbre où j’ai laissé ma ration de la journée et je m’assieds. J’ouvre mon plastique où se trouve mon plat de nourriture. Je l’ai réchauffé le matin avant de me rendre ici. Je fais ma petite prière. Au moment de mettre la cuillère dans ma bouche, je ressens une douleur qui m’étreint le cœur. Ca fait mal. J’éclate en sanglots. A chaque fois que je pense à eux, je suis toute en larmes. Ils étaient tout pour moi. Je dirai même mon alpha et mon omega. Me voici seule abandonnée à moi-même malgré le fait que mami Marie soit là pour moi. Je me souviens encore de ce jour qui restera à jamais gravé.
J’étais dans ma chambre lorsque mami Marie est entrée en toussant
- Moi : mami je sais que tu es là
- Mami : ah mon enfant tu me connais déjà
- Moi : oui en me retournant vers elle
Nos regards se croisent et je vois dans les siens des larmes perlées aux cils
- Moi : mami c’est quoi en la faisant asseoir sur le lit
- Mami :…………..
- Moi : mami tu sais bien que lorsque tu es comme ca, tu m’inquiètes parles moi sil te plait
Elle se lève et fait les cents pas dans la chambre.
- Moi : mami tu me donnes des crampes d’estomac
Finalement, elle tire la chaise et s’assied face à moi. Elle prend mes deux mains et me regarde dans les yeux
- Moi : mami tu me fais peur
Elle se décide à me parler en raclant sa gorge.
- Mami : tu sais la vie est parfois triste. L’on se réveille bien et personne ne sait ce qui se passera plus tard ni comment va se dérouler la journée
Là, je ressens de l’appréhension. J’ai l’impression qu’il y’a un malheur dans l’air.
- Moi : parles mami sil te plait
La porte s’ouvre sur mbombo Philoména, une voisine. Son regard est fuyant.
- Moi : j’en ai assez. Y a quoi comme problème ici ? Que me cachez-vous ?
- Mami : Il faut que tu sois forte. Tes parents ont fait un accident et sont morts sur le coup
- Moi : que…. Quoi ? en m’affalant sur le lit
Mamie se lève de sa chaise et Mbombo Philoména accoure vers moi. Je suis stoïque. Que mes parents que j’ai vu hier après midi avant leur voyage vers la capitale politique m’ont laissée ainsi ? J’éclate en sanglots. Je pleure de plus belle. Je suis toute seule maintenant avec Mami. Que vais-je devenir ?
- Mbombo : calmes toi ma fille. Tu vas te rendre malade
- Moi : tu penses que c’est facile ? Vous m’annoncez que je suis orpheline de père et de mère et je devrai en rire ?
- Mami : ce n’est pas facile pour moi. Je viens de perdre mon fils, celui qui est devenu tout pour moi à la mort de mon mari
Elle le dit tout en pleurant. Je me relève et je l’entoure de mes bras en essuyant ses yeux. Dans mon fort intérieur, pour mami c’est encore plus dur. Papa a toujours été là pour elle.
- Moi : mami, nous allons nous en sortir. Le Seigneur nous fortifiera dans cette perte.
Ma voix est toute tremblante. J’avais tellement de projets avec mes parents. Nous sommes venus en congé chez mami et ils ont dû voyager hier pour un mariage. Et me voilà donc aujourd’hui orpheline.
Je reviens au présent et j’écrase une larme qui roule le long de ma joue. Je m’efforce de manger car ces souvenirs pèsent dans mon esprit. La vie doit continuer et je dois me battre pour faire honneur à mes parents qui m’ont quittée assez tôt.
Je m’appelle Jenny ATANGANA.
CHAPITRE 1
Je m’appelle Jenny ATANGANA. J’ai quinze ans (15) et je viens de réussir avec brio l’examen du Brevet d’Etudes. Mes résultats ont récompensés mes efforts de toute une année de dur labeur. J’ai fais mes études primaires à l’école Catholique d’Obout. A l’obtention de mon CEPE, mes parents n’ont pas eu d’autre choix que de m’inscrire au lycéée d’Oyack à Mbalmayo. La distance n’est pas petite. Cela fait environ quarante (40) km pour m’y rendre. Lorsqu’ils sont décédés, mami a prit mon éducation en charge car mon feu père était unique et elle ne connaissait pas assez bien la famille de maman. Elle a estimé qu’il était judicieux que je reste avec elle pour qu’elle m’encadre. Mami m’a toujours dit que c’est à travers l’école que je me ferai une place dans la société. Avec le peu de moyen que nous avons, je suis obligée de prendre la route tous les matins avec d’autres camarades pour que le chemin ne soit pas long pour moi. Elle me fait une gamelle pour le repas et je me satisfais de cela. Elle n’est que cultivatrice et c’est avec les fruits de nos récoltes qu’elle paie mes études. Le week end, je l’aide dans les travaux champêtres et je vais vendre les bâtons de manioc à la petite gare routière où les passagers attendent les voitures pour Mbalmayo. Elle dit qu’elle aime cette façon de l’appeler qui change du nom usuel donné à la grand-mère dans les familles ewondo (tribu béti). Pour me divertir les samedis soir, elle me fait rêver avec ses contes et légendes. Elle a bercé toute mon enfance dans cette atmosphère. Elle a complété l’éducation donnée par mes parents.
Oh, le soleil est déjà haut au zénith, il faut que je rentre. Je ramasse mon plastique et mon matériel et je prends le chemin de retour. Grand-mère est partie rendre visite à une de ses cousines dans un village voisin. Je rentre avec du manioc pour faire la sauce de fian (d’arachides). La maison est constituée de quatre chambres mais nous occupons juste deux grand-mère et moi. Je me dirige directement à la cuisine où j’apprête le repas. Lorsqu’il est finit, je vais prendre ma douche à la rivière qui est non loin de la maison. Je descends tout doucement lorsque j’entends une brindille se casser derrière moi. Je me retourne les sens en alerte. On ne sait jamais.
- Moi : toi alors tu m’as fais peur
C’est Marcy qui est mon amie depuis toute petite
- Elle : tu as toujours été peureuse. Change même non
- Moi : je change quoi là ! Tu vas laver les habits ou prendre ton bain ?
- Elle : (claquant les mains) : on dirait souvent que tu réfléchis en l’envers. Après avoir travaillé le matin au champ, tu penses sincèrement que je vais faire la lessive ?
- Moi : c’est normal que je pose la question puisque je te vois avec un seau. En tous cas, descendons, la grande bagarreuse est derrière toi
Elle se retourne carrément. Pas moyen de faire le kanteu (congossa) avec elle.
- Moi : tu étais obligée de te retourner ?
- Elle : est ce que j’ai peur d’elle ?
- Moi : descendons. J’ai trop travaillé aux champs aujourd’hui et je ne veux pas m’énerver
- Elle : allons y
Nous descendons la pente en nous racontant les derniers divers. Après le bain, chacune reprend la route et nous nous donnons rendez vous au terrain de football. Pendant les vacances, les jeunes de la ville viennent se défouler à travers des matchs et autres distractions. Non loin de la maison, j’aperçois la porte du salon ouverte. Certainement mami est déjà rentrée. Je pousse la porte.
- Moi : mami, mami
- Elle : …………….
Je vais dans sa chambre. Elle n y est pas. Pourtant ses effets sont posés sur le lit. Je me dirige vers ma chambre pour me changer. Je suis prête pour la balade. A part cela, il y’a aucune attraction. La porte s’ouvre sur mami.
- Moi : mami je t’ai cherchée de retour du bain
- Mami : j'étais derrière entrain de couper le bois
- Moi : tu as encore coupé le bois mami ? tu ne comprends pas que je peux le faire
- Elle : il faut que je m’habitue à quand tu ne seras pas là
- Moi : que je vais où ? suis là non ? ce sont les tâches que tu ne devrais plus faire.