L'alpha tout-puissant reconquiert sa compagne
Mon nouvel amant est un mystérieux magnat
Divorcée et mariée à un chef de guerre
Les regrets de mon ex-mari
Ex-mari, je ne t'aime plus
Le retour de l'héritière adorée
Chant d'un cœur brisé
Le retour de l'héritière délaissée
Le retour de l'épouse indésirable
Choyée par le chef de la mafia
Ce matin-là, ce fut mon téléphone qui me réveilla. Cela faisait longtemps que je ne mettais plus le réveil. Je n’en avais plus besoin. Je me réveillais tous les matins à la même heure, 6 h 25, comme si mon cerveau était programmé à l’avance par des années de réveil à cette même heure pour aller au travail.
Je n’avais pas encore les yeux ouverts que mon cerveau était déjà en mode actif, tout s’y bousculant, me renvoyant à cette angoisse matinale contre laquelle je luttais depuis maintenant quelques mois. Les psychiatres parlaient de ce mal comme d’une anxiété sévère généralisée. Pour moi, chaque réveil signifiait surtout que j’allais encore devoir me battre jusqu’au soir, espérant que cela serait la dernière journée de souffrance. J’espérais poser ma tête sur l’oreiller, ressentir une dernière fois cette douceur d’une journée qui s’arrête, et ne plus revivre le douloureux réveil. Mais il n’en était rien. Mon cerveau ne me laissait pas en paix une seule seconde, du matin jusqu’au soir, me rappelant à quel point il m’était difficile de comprendre ce que je faisais sur cette planète de dingues. « L’enfer, c’est les autres », comme disait Sartre, mais c’était loin d’être en soi une explication. Plus j’avançais en âge, plus mes questions existentielles pesaient lourd. Chaque matin était une véritable épreuve. Encore un matin. Encore un combat quotidien de dépressif anxieux à mener.
Cela dit, ce matin-là, les premières sensations furent assez déroutantes. Il me manquait la douceur de mon oreiller. Mon bras trouva le vide quand j’eus le réflexe de repousser la couette et le sur quoi j’étais allongé était loin d’être doux, pour ne pas dire carrément dur.
J’essayais d’ouvrir les yeux, me motivant à me lever, ce qui en soi était une gageure, mais je n’arrivais à en ouvrir qu’un, le second restait définitivement fermé. Manifestement, il y avait comme un truc qui clochait. Je me sentais comme une poule quand elle dort, à moins que cela ne soit encore qu’une expression sans queue ni tête, comme « un tu l’as, deux tu l’auras ». En tout cas, pour l’instant, je n’avais qu’un œil, et j’espérais bien en avoir un deuxième de nouveau en fonction très bientôt. La situation était du moins au mieux, peu banale, au pire inquiétante.
J’explorais donc en mode cyclope mon environnement immédiat. La pièce dans laquelle je me trouvais, manifestement allongé sur le ventre, ne m’était pas familière. Rapidement, je me rendis compte que je n’étais pas dans mon lit, encore moins chez moi, mais dans une pièce qui ne donnait pas envie d’en avoir une vision d’ensemble plus approfondie. Comme quoi c’est fou la vitesse à laquelle on peut trouver un point positif au fait d’avoir perdu la moitié de ses fonctions visuelles.
Ce que j’en apercevais, c’était une pièce ressemblant à une chambre d’hôtel, défraîchie par les années, papier peint fleuri au mur, avec un canevas attaché par un clou. Le dessin brodé laissait penser à un chien, une sorte de bouledogue mal peigné, avec son petit manteau en laine rouge tout délavé, allongé sur son coussin. Il semblait qu’il y avait un autre tableau au mur, mais mon champ de vision était encore trop réduit pour savoir ce que c’était. Je n’en voyais que le bord.
Mais revenons à des considérations plus terre à terre. Je me trouvais donc manifestement allongé sur le ventre, face contre terre, ou devrais-je dire demi-face contre terre. Il devait s’agir d’une sorte de parquet bon marché, ou alors franchement abîmé, vu que la sensation sur mon visage était des plus rugueuses. Il s’en dégageait en outre une odeur pestilentielle qui finit de m’installer dans l’ambiance. Je me demandais s’il n’aurait pas été tout aussi bien de perdre également une partie de mes capacités olfactives, tant l’odeur devenait juste répugnante. Mais collé au sol comme je l’étais, je n’avais pas vraiment le choix.
J’essayais alors de ne plus y penser en me concentrant de nouveau sur mon unique champ de vision. Je finissais par distinguer quelques barreaux sans savoir s’il s’agissait de barreaux de chaises ou de pieds d’un éventuel lit, et un tapis étalé grossièrement en face de moi, qui d’ailleurs ressemblait plus à une serpillière qu’à un véritable tapis. Il y avait aussi un vieux matelas tout crasseux, avec une couverture en bouchon dessus. Cette pièce avait tout d’un squat, sauf qu’elle était vide.
Où avais-je encore atterri cette fois-ci ?
Je devais bien avouer que ce genre de situation cocasse m’était devenu familier du fait que j’avais pris la méchante habitude de mélanger les médocs avec de l’alcool bon marché depuis que ma vie était partie en lambeaux, il y a quelques mois. Même si je fréquentais de plus en plus les caniveaux ou les arrière-salles de bar plutôt que les endroits comme celui-ci, cela faisait figure de grande première de me réveiller dans un lieu inconnu ; mais je n’étais pas sûr de devoir en être fier. Pour ma défense, c’était dans mon canapé que je me réveillais la plupart du temps, préférant de loin mettre fin à mes souffrances psychiques chez moi, non seulement parce que c’était somme toute plus pratique, mais surtout parce que sortir dans mon état était déconseillé par mon médecin, le même qui m’avait mis en garde contre le mélange antidépresseurs et alcool.
Cette fois-ci était donc bien une grande première, autant que je puisse me fier à mes souvenirs. J’étais manifestement parti en vadrouille, mais je ne savais vraiment pas ce qui avait pu me pousser hors de ma maison. Le trou noir complet.
Une fois cette constatation menée, je me décidais à me lever, mais je fus rapidement stoppé dans mon élan par une violente douleur au niveau de la joue. Cette dernière sensation, bien sûr inattendue, était certes désagréable, mais surtout pas franchement rassurante. J’avais la moitié du visage littéralement collée sur ce sol poisseux. Je comprenais un peu mieux pourquoi je n’y voyais que d’un œil. Il était face contre terre, juste scotché par je ne sais quoi. C’est alors qu’un effluve malsain me revint dans la narine encore disponible une sale odeur me mettant sur la voie. Je commençais à me dire que cela pourrait bien être juste du vomi séché, ce qui me donna rapidement un haut-le-cœur. J’eus le réflexe de le réprimer vitesse grand V, pensant qu’en remettre une couche n’allait certainement pas m’aider à décoller la première.
Cela me motivait d’autant plus à pousser davantage sur mes bras. Le corps finit par se lever, pour finir en position du sportif du dimanche qui essaie de faire péniblement des pompes, mais qui n’arrive qu’à lever son gros cul, la tête enfoncée désespérément dans le sol. Bref, j’avais la moitié du visage collée au sol dans mon propre vomi, enfin j’espérais presque que ce soit bien le mien, et impossible de m’en détacher.