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Contre toute attente

Contre toute attente

LAYE

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Chapitres

Prologue Nous avons tous été confrontés au concept de normalité. Qu’est-ce qui est normal et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Nous savons toutefois une chose, normal ne peut avoir de validité universelle et n’a de sens que dans un cadre culturel bien déterminé. Chaque société a ses propres normes et définit la normalité à sa façon. Lorsque Mariama Woppa guinéenne d’origine est prise comme domestique dans la prestigieuse famille sénégalaise des Mar, elle ne se doute à aucun moment que sa vie était sur le point de changer. A la mort de son père alors qu’Idrissa pensait recevoir son héritage, ce dernier avait mis sur son testament une clause que son fils devait respecter avant d’avoir ce qui lui est dû. Soyez les bienvenus dans l’univers tumultueux et complètement chaotique d’Idy et de Woppa, une suite d’événements contre toute attente.

Chapitre 1 Chapitre 01

Chapitre 1

Que se passe-t-il dans ma vie en ce moment ? Je ne sais pas. Je peux oser dire que je viens de vivre les pires semaines de ma vie.

Juste après mon bac, mon père a voulu que j’aille étudier aux USA. Il voulait que son fils soit dans la meilleure école au monde. Peu importe ce qu’il fallait payer il le payera. Il ne regardait pas à la dépense. Il voulait que j’aie la meilleure formation au monde parce qu’il désirait comme il le disait lui-même que son successeur soit à la hauteur. Le suis-je ? Le serais-je ?

Mon père était un homme que j’ose dire d’atypique malgré tout le respect que je lui dois, que son âme repose en paix. Parler d’être à la hauteur revient à être comme lui. Je ne serais jamais comme mon père. Il a bâti un empire à lui tout seul. Oui il travaillait dans une multinationale américaine mais étant quelqu’un qui détestait qu’on lui dise ce qu’il avait à faire, il a préféré faire un départ volontaire, récupérer ses droits, en faire un investissement et devenir son propre boss. Et bien sûr, l’argent appelle l’argent. Il a commencé par une entreprise, ensuite deux, puis trois et aujourd’hui le consortium Mar représente une grande multinationale composée de dizaines d’entreprises qui sont implantées dans les 4 coins du monde. Avec les fusions-acquisitions, mon père était dans tout. Quand je dis tout, je dis vraiment tout. Télécommunication, informatique, agroalimentaire, immobilier, aéronautique, édition… pour ne citer que quelques-uns. Il lui suffisait juste d’entendre parler d’une entreprise qui a besoin de se fructifier pour qu’il aille à son encontre. Tant que le projet était intéressant et que le secteur rentable il mettait son argent et l’entreprise devenait une nouvelle perle du collier Mar. Je doute qu’il ait une fois fait un choix qu’il a regretté. En tout cas je ne l’ai jamais entendu se plaindre d’avoir faire un mauvais investissement. Serais-je à la hauteur ? Combien de temps me faudra-t-il avant de faire ma première boulette ? Je ne suis pas mon père et cette situation m’angoisse fortement.

Le seul échec de mon père a été qu’il a dû sacrifier sa vie de famille. Une femme et un enfant, pas très sénégalais… Peut-être que c’est dû au fait que Dieu ne vous donne jamais tout. Il était très souvent absent. C’est évident il n’avait pas la gestion d’une entreprise dakaroise mais plutôt une multinationale. Et étant quelqu’un qui veut tout gérer lui-même il devait toujours se rendre sur place même quand il n’y avait pas de problèmes, juste pour vérifier qu’on était pas en train de le voler. Mon père était aussi un peu parano, je l’avoue.

L’autre chose remarquable dans sa vie était qu’il ne tombait jamais malade. Souvent je me suis demandé s’il n’était pas fait de fer et de ciment. Sauf que je l’avais sur estimé. Un jour pendant que j’étais à New-York oui mon père a eu assez confiance en moi pour faire de moi le directeur d’une société se trouvant là-bas juste après mon diplôme. Il voulait savoir ce que je valais, si je méritais sa confiance. J’avais ma propre autonomie et je prenais moi-même les décisions. Bien évidement il surveillait tout de très près. Attendant ma première bêtise pour me tirer les bretelles. Heureusement je ne lui ai jamais offert ce plaisir. Oui pendant que j’étais à New-York, j’ai reçu un appel de ma mère. Cette dernière ne pouvait pas formuler quelque chose de cohérent. Tout ce que j’ai pu retenir était que mon père avait fait une crise et qu’il était à la clinique. J’ai tout mis en suspend et je suis rentré au pays. Je n’ai pu arriver à la clinique que 24h après l’admission de mon père aux urgences de la clinique gérait par le médecin de la famille. Une fois sur les lieux, je me suis dirigé automatiquement dans le bureau du médecin où je trouvais ma mère ainsi que Fatou ma cousine qu’on lui a confiée depuis qu’elle est petite. Le médecin m’expliqua alors que mon père venait de faire une crise épileptique, qu’il avait une tumeur au cerveau maligne que la médecine avait beau être avancée, elle ne l’avait pas faite assez pour venir à bout du mal de mon père. Qu’ainsi qu’il était un condamné. Le pire était que mon père savait qu’il était malade et bien sûr, il a gardé son silence. Nous pensions tous qu’il allait bien alors qu’il était en train de passer ces derniers mois. Je n’étais pas très proche de mon père, en fait durant mon enfance et mon adolescence, nos conversations se limitaient à « Ton bulletin est sorti ? Quelle note tu as eue ? » Et quand j’ai intégré le monde professionnel, on ne parlait qu’affaire. Mais n’empêche j’aurais voulu être avec lui durant ses derniers semaines.

Mais bon, à quoi regretter ou se plaindre. Il est mort aujourd’hui et tout ce dont il a besoin ce sont des prières. Je suis déjà dans la voiture et j’attends ma mère pour qu’on aille voir qui mon père a laissé quoi.

Ma mère est arrivée, je la regarde, les yeux bouffis. Je la comprends il y a 15 jours encore, elle pensait que son mari était indestructible. Papa s’est vraiment caché de tous.

*******

Nous étions tous dans le bureau de l’avocat de mon défunt père attendant la lecture de son testament. Vous vous demandez surement ce que des musulmans font dans la lecture d’un testament. Pour faire court, mon père n’en a toujours eu que faire de la religion, c’est vrai qu’il a toujours respecté les 5 prières, aller à la mosquée et donner le zakat mais ça s’arrête là ; pour tout le reste il en faisait toujours qu’à sa tête. Je suis avec ma mère et nous regardons l’avocat qui déchire une enveloppe scellée. Il commence à lire après plusieurs blablablas, il vient à la partie qui m’intéresse.

-En tant que fils unique votre père a fait de vous son héritier universel.

-Evidemment… Répondis-je d’une façon assez hautaine.

-Mais il y a une clause… Dit l’avocat alors que je laisse échapper un rire nerveux même à 6 pieds sous terre, mon père s’arrange quand même pour me faire chier.

-Oui laquelle ?

-Votre père a mis une clause mariage pour que vous puissiez recevoir voir héritage.

-QUOI ? Mais comment ça ? Je ne vais pas me marier.

-Il a dit et je le cite « Avant de recevoir autant d’argent mon fils doit d’abord se stabiliser. Il doit se trouver une femme et devenir un homme responsable au lieu l’enfant qu’il est encore. »

Comme si un mariage pouvait me changer. J’ai 25 ans bordel. On se marie dans la trentaine. J’ai encore bien trop de choses à vivre pour me mettre la corde au cou et être avec une femme qui me fera chier nuit et jour. Il doit avoir un moyen de contourner ça.

-Il n’y a aucun moyen de contourner cela ?

-Non mais pourquoi ne pas respecter la dernière volonté de votre père. Un certificat de mariage et vous aurez tout ce qui vous revient de droit.

-Donc je me marie, je reçois mon héritage et après je divorce… Dis-je alors que ma mère me jette un regard noir. L’avocat se met à rire.

-Quoi ??? Lui demandai-je.

-Je vois que votre père vous connait.

-Comment ça ?

-A la clause mariage, il a mis une clause divorce… Dit l’avocat alors que j’écarquille les yeux.

-Quelle putain de clause ??? Dis-je énervé alors que ma mère me pince et ça fait super mal.

-En cas de divorce, votre femme a droit à 50% de vos biens. Je pense que c’est ce qu’il a trouvé pour vous obliger à bien faire votre choix et à rester marier.

Je fais un soupire et je me mets à secouer ma tête. Pour faire court, je suis pauvre parce que je dépendais exclusivement de mon père et après sa mort tout a été gelé. Pour recevoir mon argent je dois me marier, chose que je dois faire bien vite car je ne peux pas rester sans argent. Maintenant la question est où vais-je trouver une femme qui sera assez soumise pour me laisser faire ce que je veux parce que je ne compte pas renoncer à ma vie de célibataire et surtout qui sera assez cruche pour ne jamais savoir la quantité d’argent qui l’attend quand elle me quittera.

Bon Dieu, est-ce que cette femme existe ?

Sans dire au revoir, je quitte le bureau de l’avocat, suivi de près par ma mère nous regagnons la voiture.

Putain, je n’arrive pas à croire ce que mon père m’a fait et bien sûr, le cancer étant le genre de merde qui te tue à petits feux, il avait le temps de tout préparer avant son départ. Il a dit que je devais être un homme responsable, donc il était au courant de toutes mes frasques à New-York. Même si j’avoue que venant souvent au Sénégal, il pouvait aussi être mis au courant de ce que je faisais ici. Dama meuna yakk khaliss nak (Je gaspille trop l’argent.) Il a en aucun cas envie que j’éparpille tout mon héritage dans les boites et les hôtels. Mais n’empêche ceci est ma vie et je vais pas y renoncer simplement parce qu’il veut. A quoi ça sert d’avoir plus d’argent qu’on ne peut en dépenser si ce n’est pas pour faire des dépenses dérisoires. Je ne suis pas lui, malgré ses milliards il a toujours été un radin.

Je gare ma voiture à son endroit habituel et j’en sors accompagner de ma mère. Cette dernière s’est montrée très silencieuse pour ainsi dire. Je pensais qu’après l’annonce que je vais avoir droit à une liste de 10 potentielles femmes à marier. Ravi qu’elle ait compris que j’allais tout rejeter.

Toujours avec mon sale caractère, je passe devant les employés sans prendre la peine d’en saluer un seul et je me dirige dans ma chambre. Je dois faire les comptes de ce qui me restent car n’ayant plus de revenus, il faut que je me serre la ceinture. Je fais le tour de mes comptes bancaires personnels et là je ne fais que voir mon erreur. J’aurais dû épargner plus du vivant de mon père au lieu de dépenser tout ce qu’il me donnait. Y a même pas assez pour m’assurer mon carburant.

Pendant que je me demandais comment faire pour sortir de ce merdier, j’entends toquer à ma porte.

-ENTREZ… Dis avec une telle violence comme si mon mal était dû à mon interlocuteur.

Je vois une domestique devant moi qui grelotte. C’est vrai que j’ai mon caractère mais je ne mords pas.

-Quoi… Demandais-je avec plus de calme.

-Madame vous demande de la rejoindre dans sa chambre.

-Dis-lui que j’arrive… Après ma phrase, elle a tourné instantanément les talons.

Je ne sais pas ce que veut ma mère et avec ma curiosité légendaire, je ne perds pas de temps avant d’aller la voir. Après avoir toqué, elle m’invite à m’asseoir dans son mini salon. Je suis à côté d’elle.

-Que comptes-tu faire ??? Demande-t-elle.

-J’en sais rien.

-Ne me dis surtout pas que tu vas épouser cette Anta.

Je m’attendais à celle-là. En fait Anta ou Anita comme elle aime bien qu’on l’appelle est ma « petite amie », je mets des guillemets parce que je la considère plus comme une sexefriend qu’une copine. Mais elle est quand même la fille qu’on présente à ses amis et à sa famille. Ma mère ne l’a jamais appréciée. Je la comprends, quand je l’avais invitée à dîner avec mes parents elle a mis une robe qui dévoilait plus de peau qu’elle n’en cachait. Ma mère l’a trouvé trop vulgaire et elle n’a pas oublié de me signaler. Pour un peu revenir sur mon passé avec elle, je dirais qu’on s’est connu dans une boite de nuit à New-York. On s’est vu et après le légendaire « T’es Sénégalais ? Oui… Moi aussi ? » On a accroché sur l’instant voyant où cela nous mènera. J’ai pas signé de contrat donc je n’avais rien à perdre. Ça fait maintenant plusieurs mois depuis qu’on est ensemble. Elle est mannequin, le genre de fille grande taille en talon de 14cm elle me dépasse, très fine d’un teint marron très bien entretenu, elle a souvent des cachets internationaux et New-York est une de ses destinations préférées et à chaque fois elle logeait dans mon appartement. Malgré la distance on se voyait fréquemment car moi aussi je venais souvent à Dakar, j’ai tous mes amis et ma famille ici. New-York n’est que pour le business.

-A quoi tu penses, j’attends encore ta réponse ??? Dit ma mère pour que je revienne à elle.

-A rien. Mais t’en fais pas Anita est la dernière personne à laquelle je songerais pour un mariage… Répondis-je franchement car Anita est bien trop matérialiste pour devenir ma femme. Et surtout avec cette clause 50% elle me quittera dès qu’elle en entendra parler.

-Pourquoi tu n’épouserais pas Fatou ? je l’ai moi-même élevée et je sais qu’elle ne me décevra jamais.

La mort de mon père aurait-elle rendu ma mère folle ?

-Maman est-ce que t’as pensé à ce que tu as dit ? Dois-je te rappeler qu’avec Fatou on a grandi ensemble et que je la considère comme ma sœur. C’est dégueulasse.

-Ah… Ne le prends pas comme ça. C’était juste une proposition.

-Elle est mauvaise.

-Ah, j’avais oublié la fille de Maty est rentrée de France le mois passé. Tu sais elle y était pour les études et elle a eu son diplôme. Elle est très jolie. Que penses-tu d’elle ?

-Sa fille ? Laquelle ?

-Absa.

Pour faire court, ma mère veut que j’épouse une fille que j’ai mise nue sans la toucher. Et oui c’est bien ce que j’ai dit. Il y a 5 ans j’étais de retour pour les grandes vacances, j’étais sorti et quand je suis rentré je l’ai trouvé toute nue sur mon lit en train de m’attendre. Bien sûr qu’on la fait, je veux pas qu’on me traite de PD. Evidement je tairais cette raison.

-Non pas Absa. Je vais aller prendre l’air… Dis-je en me levant…Je sors, je reviens dans quelques heures.

Je refais le trajet inverse de toute à l’heure pour me diriger dans ma voiture. Cette journée ne s’est pas vraiment passée comme je l’espérais.

J’ai besoin de me changer les idées donc je vais directement à mon endroit préféré. Devant la plage assis sur le sable avant de me perdre au loin dans le néant.

****

Le lendemain avant de quitter la maison je vais aller voir ma mère elle est dans sa chambre. Je toque.

-Entrez.

-Bonjour.

-Bonjour mon fils. Tu as bien dormi.

-Oui bien maman. En fait je vais aller au siège voir ce qui s’y passe.

-D’accord. C’est bien.

Je quitte la maison dans ma voiture et comme d’habitude je n’ai salué personne.

Une fois dans le local, je me dirige dans ce qui était auparavant le bureau de mon père. Dans le couloir alors que je me dirige vers la porte, la secrétaire qui sortait du bureau me regarde comme si j’avais trois têtes.

-Quoi ??? Dis-je intrigué par son regard insistant.

-Monsieur Mar est en réunion et il a dit qu’il ne voulait pas être dérangé.

A moins que mon père soit revenu de sa tombe, de quoi est-ce qu’elle parle ? Quel monsieur Mar ?

-Qui ? Comment ?

-Oui, le frère de votre père.

-Comment se permet-il ?

-Monsieur, s’il vous plait…

Je la laisse pas terminer avant d’entrer dans le putain de bureau et de m’immiscer dans cette réunion dont personne n’a jugé utile de m’en parler. Je vois 6 paires d’yeux qui me scrutent.

-Idrissa mon fils, je croyais que tu étais rentré à New-York… Dit mon oncle en se levant. Il est sérieux lui. Je joue le jeu.

-Vu que j’habite ici, je doute que New-York et le verbe « rentrer » vont de paires en ce qui me concerne. Je peux savoir ce qui se passe ici ?

-Comme tu peux le constater, nous traitons le dossier BKS. Cette entreprise coûte beaucoup trop chère à la boite pour les revenus qu’elle procure. Nous voulons la dissoudre.

Franchement je n’ai aucune idée de ce que représente ce BKS. Je ne sais rien des entreprises Mar, je ne me préoccupais que de ma tour dorée à New-York. Mais vu que mon oncle veut la dissoudre, je vais être contre cela pour montrer que j’ai toujours un pouvoir de décision.

-Qui sont ces gens ??? Lui demandai-je.

-Ce sont les membres du conseil d’administration.

-Depuis quand Mar entreprises a un conseil d’administration ? Je pensais que mon père était contre tout ce qui était rendre des comptes.

-Oui il l’a été mais quand il a su pour sa maladie, il craignait ne plus pouvoir prendre de décisions assez lucides donc il a mis un conseil sur pieds.

-Je peux savoir pourquoi je n’ai pas été convié à cette réunion et pourquoi tu occupes le bureau de mon père ?

-Etant le vice-président de cette boite c’est normal que je prenne le relais.

-Relais de quoi ? Ceci me revient de droit et tu n’as rien à faire ici.

-Je peux te voir un instant… Dit-il en se déplaçant alors que je le suis, nous quittons le bureau pour nous mettre dans le couloir.

-J’ai appelé le gérant du testament de ton père et il m’a fait savoir ta situation. Ce qui fait que tant que tu ne te seras pas marié tu n’as droit à rien. Avec la mort de ton père Mar entreprises n’a plus de PDG et c’est ce qui fait que ce poste revient au vice-président. Tu veux prendre des décisions, rentre à New-York, cette société est à toi. Mais ici m’appartient jusqu’à preuve du contraire. Sur ça, au revoir… Dit-il avant de me quitter et ses paroles ont stagné dans l’air de ce couloir.

Mais pour qui se prend-t-il celui-là ? Papa qu’est-ce que tu m’as fait là ? Je sens que mes nerfs vont lâcher.

Avant de sortir j’entends quelqu’un crier mon nom, je tourne la tête pour voir Assane. Le fils d’un ami de mon père. On est copain depuis petit. Ayant les mêmes centres d’intérêts évidemment que notre amitié a perduré. Quand il a eu son diplôme mon père a fait de lui le directeur de son département des finances. Il n’a pas été major de sa promo mais mon père avait assez confiance en son sérieux et vu qu’il ne s’est jamais plaint, je me dis qu’il assure.

-Je suis sorti pour aller au département marketing et je te vois. Que fais-tu ici ?

-Je suis venu pour voir comment ça se passait mais là, j’aurais préféré éviter cela.

-Je vois que t’as vu ton oncle. Il a convié toute l’équipe ce matin à 8h. On a tous eu des mails hier soir, heureusement que je les regarde avant de me coucher. Il nous a réunis pour nous dire que c’était lui le nouveau PDG qu’il allait mettre sur pieds de nouvelles réformes. Et de par son statut, il a le droit de nous virer si on faillit. Je n’ai qu’une chose à te dire et s’il te plait, je ne sais pas ce qui s’est passé et pourquoi c’est lui qui est à la tête et pas toi mais arrange ça.

-Je vais le faire mais je crains que cela ne prenne plus de temps que 2 ou 3 jours.

-Comment ça ? Pourquoi c’est ton oncle qui gère et pas toi ?

-Parce que mon père n’a pas assez confiance en moi.

-Ne me dis pas qu’il a tout laissé à cet idiot.

-Non… Bien sûr que non. Je suis l’héritier universel mais pour avoir tout, je dois d’abord me marier.

-Marie-toi.

-Boy t’es sérieux là ?

-Oui. T’as une copine, épouse-la. Où est Anita ?

Lui il se fout de ma gueule je crois.

-J’épouserais jamais Anita. T’es malade ou quoi ?

-Ok désolé. J’ai fait mon égoïste sur ce coup-là. Je veux juste me débarrasser de mon nouveau boss avant qu’il ne se débarrasse de moi.

-En tout cas, t’as intérêt à faire gaffe. Lui et ton père ne se sont jamais bien entendu et je le crois capable de t’utiliser pour l’atteindre. Ne lui donne jamais quelque chose à te reprocher.

-Mais le mariage ?

-Si je pouvais je me marierais aujourd’hui juste pour remettre mon idiot d’oncle à sa place. Mais mon père me connaissait mieux que je ne pensais. Il a mis une clause divorce qui fait que 50% de tout reviendrait de droit à ma femme. Donc je dois faire attention de ne pas tomber sur une matérialiste… Je termine en mettant les yeux sur Azou qui me regarde bouche ouverte.

-Là c’est vrai qu’il a tout compliqué.

-Mais toi t’es en pause ou quoi ??? Je lui pose la question alors qu’il écarquille des yeux en regardant sa montre.

-Si jamais je me fais virer ce sera ta faute… Dit-il en s’éloignant de moi.

Moi je n’ai plus rien à faire ici. Je regagne ma voiture, je préfère passer chez Anita avant de rentrer à la maison.

Une fois à son appartement, je sonne et elle vient m’ouvrir, après la bise, elle m’invite à entrer. On s’installe dans le salon.

-Bébé, t’as une sale tête toi, ça va ?

-J’ai connu mieux.

-C’est évident. La mort de ton père reste récente.

Si seulement c’était que ça.

-Ça ira…Finis-je par dire après quelques secondes…Quoi de neuf ???Demandais-je pour changer de sujet. Je ne suis pas ici pour parler de mes problèmes d’autant plus que je ne veux en aucun cas qu’elle soit au courant.

-Je dois aller Milan la semaine prochaine…Dit-elle toute excitée.

-Pourquoi autant d’enthousiasme ? Ce sera pas ton premier cachet à Milan.

-Mon agent a fait les choses en grand, plus qu’un simple défilé je vais également faire un shooting photo pour le magazine Fashionista. Et oui parce que je suis fashion…Sourit-elle.

Sa dernière phrase me fait rire.

-Oui je confirme…Dis-je pour lui faire plaisir.

-Pourquoi tu ne viendrais pas avec moi ?

-Où ?

-A Milan.

-N’y pense même pas.

-Pourquoi ???Demande-t-elle d’une voix assez aiguë.

-Parce que j’ai des choses régler à Dakar et je ne peux pas bouger.

- Ça ne doit pas être si important puis que tu es venu me voir 13h.

Si seulement elle savait.

-Si ma visite te dérange je peux rentrer.

-Toujours aussi susceptible. Je disais ça pour rire. Tu sais bien que ça fait toujours plaisir de voir son boyfriend.

-Sérieusement j’ai des choses à régler avec l’héritage et tout. Peut-être après…

-Ok.

-Mais yow, les bonnes femmes sont toutes en cuisine en train de préparer le déjeuner alors que toi…

-Moi quoi ? Tu sais bien que je ne touche pas aux fourneaux. Je vais passer une commande pour qu’on nous livre quelque chose…Dit-elle en se levant.

Je sens que cette visite va me coûter plus chère que ce que je pensais.

******

Une putain de semaine s’est passée depuis que cette obligation de mariage pèse sur mon dos. Le pire est que je suis tellement pauvre que j’ai été obligé de faire un prêt à la banque en hypothéquant ma voiture qui est le seul bien que je possède. Je peux tout faire sauf rester sans argent.

Ma mère continue avec ses propositions et le pire est que j’ai couché avec la moitié des noms qu’elle me donne. Je tais toujours cette raison. Je ne suis pas le type archaïque qui pense que la virginité d’une femme fait d’elle une épouse modèle, non loin de là mais les filles qu’elles me proposent sont trop libertines. Et je ne veux pas d’une femme qui a couché avec la moitié de la jet-set. Dakar est petit et tout se sait. Si j’étais sûr qu’Anita m’aime comme elle le dit et qu’elle serait avec moi si je n’avais plus rien, je l’aurais épousée. Mais aussi sûr que je m’appelle Idrissa Mar, cette fille ne s’est mise avec moi que parce qu’elle a entendu parler de la fortune de mon père.

Je vais voir Anita histoire de me défouler un peu et oublier la vie merdique que je suis en train de mener. Je prends mon portable pour prévenir Anita avant de sortir de la maison. Je suis dans la salle à manger confortablement assis attendant qu’on me serve mon déjeuner.

Une fille entre avec le plateau et je vois que c’est une nouvelle tête. Maman engage une nouvelle domestique alors qu’on est à la dèche. Dois-je lui rappeler que tout est gelé jusqu’à mon mariage ? Qui d’après ce que je vois n’est pas pour demain.

Oh la petite conne a mal posé le plateau et du coup tout s’est déversé sur moi. Retenez-moi j’ai des envies de meurtres.

Continuer

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