Natacha, 23 ans, est informatrice dans une agence de dĂ©tective privĂ©. Elle va infiltrer le lycĂ©e Saint-Sauveur, lycĂ©e qui serait au cĆur d'une affaire sordide... Elle y rencontre Jonathan, 19 ans, jeune homme au passĂ© mystĂ©rieux qui, comme elle, a intĂ©grĂ© l'Ă©tablissement en cours d'annĂ©e. Une forte attirance se crĂ©e entre eux, un jeu de sĂ©duction qui pourrait les mener Ă leur perte. Une passion, une idylle que leurs secrets respectifs mettront Ă mal.
Natacha
AffalĂ©e sur la table, je soupire... Nous sommes en cours d'Ă©conomie et je m'ennuie Ă mourir. Le professeur blablate depuis vingt minutes sur la chute du cours du dollar. Passionnant. Je regarde Ă travers la fenĂȘtre ouverte : le paysage est Ă couper le souffle. Le lycĂ©e est situĂ© dans les hauteurs de Saint-Paul : par delĂ les barriĂšres, je peux voir un immense champ de cannes Ă sucre, ondulant au grĂ© des vents. Juste aprĂšs cette mer vert pĂąle se trouve l'ocĂ©an d'un bleu profond. Ma voisine de table, Virginie, pouffe avec sa copine. SĂ»rement sur le dernier pauvre garçon qu'elle a attrapĂ© dans ses filets... Je lĂšve les yeux au ciel. Au fond de la classe, les bavardages vont Ă qui mieux, mieux. Le professeur, M. Hart, n'en a cure. AprĂšs tout, son salaire est sĂ»r Ă la fin du mois lui.
Je me mets à somnoler. Mon esprit dérive dans la salle de réunion, dans une agence à Saint-Denis, il y a quatre mois de cela...
- Vous allez donc vous infiltrer dans le nouveau lycĂ©e Saint-Sauveur afin d'y dĂ©mĂȘler le vrai du faux, en tant qu'Ă©lĂšve, fit le client.
- ĂlĂšve ? Je ne suis pas un peu trop vieille pour ça ?
- Vu ta frimousse et ta taille... Non ! explosa de rire Patrick, mon employeur.
Je lui lance un regard noir. Je m'appelle Natacha Da Rocha et malgré mes vingt-trois ans, mon corps n'est toujours pas sorti de l'adolescence : je mesure à peine un mÚtre soixante-cinq et mes énormes taches de rousseur me donnent un air de petite fille lorsque je ne suis pas maquillée. Depuis presque trois ans, l'eye-liner et le rouge à lÚvre sont devenus mes meilleurs amis. Sans parler de mes chaussures à talons.
Patrick est mon employeur et ami depuis deux ans : je travaille dans une agence de dĂ©tective privĂ©. Plus prĂ©cisĂ©ment, je suis informatrice. Mon physique a quand mĂȘme un avantage : je suis passe partout.
Le client Ă©touffe maladroitement un sourire avant de reprendre une contenance. Le commissaire Varaud fait souvent appel Ă nos services lorsque ses enquĂȘtes stagnent. Le plus souvent, il s'agissait de basses besognes, recherche de petits dealers, de personnes ayant vu un casse ou un vol Ă l'arrachĂ©... Mais lĂ ... on parle de trafic de drogue... alors enquĂȘter en tant qu'Ă©lĂšve...
- Toutes mes recherches convergent vers cet établissement. Il est dirigé par M. Van der Bund Rodolphe, éminent professeur de théologie, éloigné de tous soupçons criminels. Il est in-tou-cha-ble. Je ne pense pas qu'il trempe dans la magouille, en revanche son équipe n'est pas claire comme de l'eau de roche.
Il dĂ©pose devant nous un dossier en papier kraft. Je l'ouvre. Effectivement, de nombreux pourris composent son Ă©quipe, qu'elle soit Ă©ducative ou administrative : trois professeurs accusĂ©s d'attouchements, un CPE ayant acceptĂ© de se taire face Ă des injustices voire des crimes commis dans son Ă©tablissement moyennant finances, une secrĂ©taire croqueuse de diamant... Le dossier est effarant : notre systĂšme Ă©ducatif est Ă pleurer. Ces personnes auraient dĂ» ĂȘtre purement et simplement renvoyĂ©es ! Voire plus...
- Aberrant n'est-ce pas ? Malheureusement, dans notre systĂšme actuel, impossible de simplement les virer... ImprĂ©gnez-vous bien des visages et des noms cela pourrait vous ĂȘtre utile.
- Mais que voulez-vous que je fasse en tant qu'Ă©lĂšve ?
DDDRRRIIINNNGGGG !!!
La sonnerie me tire de ma rĂȘverie. Mon cours prĂ©fĂ©rĂ© arrive enfin : l'anglais. Non seulement la prof est gĂ©niale mais j'y retrouve mon binĂŽme de choc : Steven. Un gay complĂštement extravagant qui assume entiĂšrement sa sexualitĂ©, n'en dĂ©plaise Ă certains. Il faut dire qu'ĂȘtre homosexuel dans un lycĂ©e catholique, il fallait le faire !
Je sors de la salle sans un regard pour le prof, bien que ce dernier me regarde avec ses petits yeux libidineux.
J'ai failli oublier... C'est vrai qu'il fait parti des profs dégueu... Beurk !
Je remarque Steven de loin et pour cause ! Ses cheveux mi violet, mi blond sont inratables ! Il est plutÎt beau gosse : grand, épaules larges et sourire ravageur. S'il avait été hétéro, il aurait eu un succÚs fou auprÚs de la gente féminine. DÚs qu'il m'aperçoit il ouvre grand les bras pour me faire un cùlin.
- Hey, comment va ma poupée ?
- J'ai cru que j'allais mourir d'ennui... En plus, Hart m'a lancé un de ses regards en sortant... A vomir !
- Tu sais à ce qu'il paraßt il a été viré de son ancien établissement parce qu'il aurait couché avec une élÚve !
- Lui ?? Mais qui voudrait de ce machin ?
Nous éclatons de rire. C'est aussi un peu pour ça que j'adore Stev : c'est une vraie fouine ! Toujours au courant des derniers potins, grùce à sa maßtrise d'internet.
- Tu devineras pas ! Il va y avoir un nouvel élÚve dans la classe ! Il arrive aujourd'hui... Selon mes sources... Il n'est pas trÚs fréquentable...
- Et pourquoi ça, Sherlock?
- Il sort tout juste de prison, me chuchote-t-il, d'un air conspirateur, avant de s'engouffrer dans la salle.
- Quoi ?
Il fait mine de ne pas m'entendre et part s'asseoir Ă sa place l'air de rien. Je soupire et l'accompagne. Mademoiselle Lyra fait son entrĂ©e, accompagnĂ©e d'un jeune homme Ă l'air renfrognĂ©, un peu bad boy. T-shirt blanc et jeans bleus. Son bras gauche est bardĂ© de tatouage. Je suis trop loin pour en voir les dĂ©tails mais ils semblent ĂȘtre de nature orientale. Son air insolent me fait de suite sourire. Steven me donne des coups de coudes dans les cĂŽtes et ouvre la bouche en s'Ă©ventant Ă©hontĂ©ment. OK. Le nouveau lui plaĂźt. Ce dernier se cale une mĂšche de ses cheveux bruns derriĂšre l'oreille et lĂšve vers nous un regard paresseux d'un noir profond.
- Bonjour jeunes gens, intervient Mlle Lyra. Je vous prĂ©sente un nouveau venu : il s'appelle Jonathan Lara et vient d'ĂȘtre transfĂ©rĂ© chez nous. Merci de l'accueillir comme il se doit.
- Salut mon chou. La place à cÎté de moi est libre si tu veux... lui susurre Virginie, aguicheuse.
- Merci mais non merci, lui répond Jonathan, d'un air détaché, complÚtement insensible à son charme de prédatrice.
Je ne peux m'empĂȘcher de rire devant le regard noir qu'elle lui lance. Telle que je la connais, elle ne va pas lĂącher l'affaire aussi facilement. Si elle a dĂ©cidĂ© qu'elle mettrait Jonathan dans son lit, il y sera ! Foi de Virginie !
Il passe Ă cĂŽtĂ© d'elle, sans mĂȘme un regard pour ses beaux yeux verts, et file s'asseoir... Ă cĂŽtĂ© de Steven ! Ce dernier est limite choquĂ©. Virginie a du mal Ă y croire. Le beau Jonathan lui a prĂ©fĂ©rĂ© le gay ? SĂ©rieusement ?
- Salut ! Moi c'est Steven ou Stev et voici mon binĂŽme de choc : Natacha !
- Salut... Bah moi c'est Nathan.
- Bon, nous n'allons pas nous éterniser. Débutons le cours, déclare Mlle Lyra.