Dans les rues sombres de New York, deux titans de la mafia, Frank Costello et Vito Genovese, se livrent une guerre sans merci pour le contrôle total de la ville. Autrefois alliés et amis de longue date, leur relation se détériore à cause de la jalousie et des trahisons. Alors que Frank, l'homme de la diplomatie, cherche à maintenir une paix fragile, Vito, l'ambitieux et impitoyable, se lance dans un chemin de guerre totale. Les deux hommes, désormais ennemis jurés, s'affrontent dans une série de machinations politiques, de complots sanglants et de trahisons au sein même de leurs propres rangs. Leur lutte dévastatrice annonce la chute inévitable de l'empire mafieux, plongeant la ville dans un chaos sans fin.
Frank Costello observa le téléphone, son doigt effleurant la surface en verre, hésitant avant de prendre l'appel. Le signal était faible, la voix de l'homme à l'autre bout presque inaudible.
- Il prépare quelque chose, Frank. Je ne sais pas quoi exactement, mais c'est sérieux. Vito Genovese, il fait des mouvements... Ça bouge, c'est pas bon.
Il raccrocha sans un mot, son regard se fixant dans le vide. Le simple nom de Vito suffisait à transformer l'air autour de lui. C'était étrange, comme si ce simple mot portait en lui tout le poids de la trahison, tout le poison d'une ancienne loyauté devenue l'acier d'une lame prête à frapper. Leur relation n'avait pas toujours été ainsi. Il se souvenait encore de leurs premières années, quand tout était plus simple. Quand les rues de New York n'étaient pas encore divisées entre ceux qui voulaient régner et ceux qui voulaient survivre. Frank avait toujours cru que la paix était possible, qu'une main tendue valait mieux que le bruit d'une balle dans la tête. Mais Vito, lui, n'avait jamais partagé cette vision.
Les années avaient changé la dynamique de leur alliance, avait modifié l'équilibre précaire qu'ils avaient maintenu tous deux, sans savoir comment ni pourquoi. Mais aujourd'hui, ce fragile équilibre n'existait plus. Il en avait assez vu pour comprendre que la guerre se préparait. Et Vito, son ami, son frère d'armes, était l'un des instigateurs.
Frank ne se leva pas immédiatement. Il se contenta de fixer la table devant lui, de laisser ses pensées s'accrocher à ce qui restait encore de sa dignité. Une guerre ouverte, c'était ce qu'il avait toujours évité. Parce qu'il le savait, plus rien ne serait jamais pareil après ça. Le sang, une fois versé, n'appartenait plus à celui qui l'avait fait couler. Non, il appartenait à la rue, à la ville, aux âmes perdues qui se battaient dans l'ombre pour un peu de pouvoir. Et cette guerre... cette guerre risquait d'être l'ultime et la plus dévastatrice qu'il ait jamais connue.
Il posa son regard sur le verre de whisky sur la table. Il n'en avait pas besoin. Mais il en avait besoin. La brûlure qui s'empara de sa gorge, en descendant dans son estomac, ne fit qu'aggraver le tourbillon dans sa tête. Vito... Il aurait pu tout avoir. Ils auraient pu tout avoir. Mais l'ambition dévorante de Vito n'avait jamais su s'arrêter. Il avait voulu plus, il en avait toujours voulu plus. Ce n'était plus une question de loyauté ou de respect, mais de pouvoir absolu.
Frank fixa l'horloge sur le mur. L'heure avançait, inexorable. Il savait que le moment était venu. Les choix qu'il ferait dans les heures à venir marqueraient la fin d'une époque et l'entrée dans une autre. Mais comment faire face à celui qu'il considérait, autrefois, comme un frère ? Il serra les poings. Vito, il le connaissait mieux que quiconque. Et il savait exactement comment ce dernier comptait agir. Mais pour la première fois depuis longtemps, Frank n'était plus sûr de ce qu'il devait faire. S'il frappait d'abord, s'il réagissait trop tôt, cela pourrait tout faire échouer. Mais si Vito attaquait en premier... Il n'y aurait plus de retour en arrière.
Il se leva finalement, l'esprit sombre, et se dirigea vers la fenêtre, cherchant dans les lumières de la ville un peu de réconfort, mais rien n'y fit. New York était un monstre qui se nourrissait de ses habitants, de leur souffrance et de leurs rêves brisés. Il n'y avait pas de place pour les rêves dans ce monde. Juste des calculs, des compromis, des trahisons. Les mêmes jeux, toujours les mêmes.
Un bruit de porte le fit sursauter. Le poids des années passées dans ce monde violant le calme de la nuit avec une simple présence. Un homme entra, presque silencieux. Ses traits marqués par le temps et les batailles étaient familiers. Salvatore. Il était l'un des derniers hommes de confiance que Frank avait encore. Mais même avec lui, la tension était palpable.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Frank, son regard dur.
- Le plan, il est déjà en place, répondit Salvatore d'une voix basse. Ils ont commencé à bouger. Les hommes de Vito... ils sont partout.
Frank haussait un sourcil. Il savait que la machine de Vito avait démarré depuis un moment. Mais il ignorait à quel point.
- C'est trop tôt, dit Frank, la mâchoire serrée. Ils n'attendaient même pas le moment opportun.
Salvatore acquiesça, sans répondre immédiatement. Il était là pour faire face aux choses que Frank ne voulait pas encore affronter. Parce qu'aucune guerre n'était propre. Il n'y avait pas de stratégie qui garantissait de gagner sans laisser de cicatrices.
- Que proposez-vous ? demanda-t-il, la voix légèrement brisée par l'amertume.
- Je propose qu'on les devance, répondit Frank. On met la pression avant qu'ils n'aient le temps de se retourner. Pas de préavis. Pas de gestes hésitants.
Salvatore hocha la tête. La décision était prise.
Mais avant qu'ils n'aient eu le temps de préparer leur action, une autre porte s'ouvrit. Cette fois-ci, c'était un visage que Frank n'attendait pas. Marcello, l'un de ses anciens associés, un homme qu'il pensait avoir perdu depuis longtemps. Son regard était vide, mais il ne faisait aucun doute que la trahison avait déjà pris racine dans son cœur.
- Vous avez entendu ? dit Marcello d'une voix glacée. Vito veut discuter.
Frank se tourna vers lui, son regard devenu froid. Tout s'effondrait. Les alliances, les rêves de paix. Tout. Vito, un homme avec qui il avait partagé des rires et des victoires, devenait son pire ennemi. Il n'y avait plus de discussion possible. Plus de négociation. La guerre n'était plus un choix, c'était un impératif.
- Vous pouvez lui dire que s'il veut la guerre, il l'aura, répondit Frank d'un ton glacial.
Marcello resta là, un sourire énigmatique sur les lèvres. Il n'avait pas encore tout compris, Frank le savait. Mais il n'avait pas le temps d'expliquer. Le destin de New York se jouait dans les ombres, et cette fois-ci, il n'y avait pas de place pour la pitié. Les premières pièces avaient été déplacées. La bataille pour la ville venait de commencer.
Et Frank savait une chose : cette guerre ne laisserait rien derrière elle. Rien que des cendres et des souvenirs de ce qui était, et de ce qui ne serait plus jamais.
Frank entra dans la pièce sans un mot, la lourdeur de l'instant pesant sur ses épaules. Il avait demandé cette rencontre, une réunion entre les deux hommes, mais il savait que rien ne serait simple. La tension était palpable avant même qu'il franchisse la porte, les échos d'une trahison imminente remplissant l'air. Vito l'attendait déjà, seul, assis à une table qui paraissait démesurément grande pour deux hommes.
Frank s'assit lentement, un geste calculé, mesuré. Il n'était pas pressé. Il devait garder son calme, même si chaque fibre de son être criait qu'il ne pouvait plus reculer. Cette réunion était la dernière chance de trouver une issue, un compromis. Mais au fond de lui, il le savait. Il n'y avait plus de place pour la diplomatie. Le jeu avait changé, et les règles aussi.
Vito leva les yeux vers lui, son regard dur, froid comme le métal. Leurs regards se croisèrent, un instant suspendu dans le temps, avant que Vito ne brise le silence d'une voix grave.
- Alors, Frank, tu te décides enfin à venir ? Je me demande combien de temps tu allais encore jouer à l'homme de la paix.
Frank se redressa légèrement, un léger sourire en coin, mais il n'était pas dupe. Il comprenait ce qu'il y avait derrière ces mots. C'était une provocation, une invitation à franchir la ligne. Un défi silencieux qu'il ne pouvait ignorer, mais auquel il devait répondre avec toute la maîtrise qu'il possédait.
- Je suis là pour parler, Vito. Juste pour ça, rien de plus.
Il laissa les mots planer, non pas comme une promesse, mais comme une mise en garde. Mais Vito, implacable, ne semblait pas intéressé par les compromis. Il se pencha légèrement en avant, ses mains posées sur la table avec une force presque menaçante.
- Tu penses vraiment qu'on peut encore parler, Frank ? demanda Vito d'un ton qui se voulait calme, mais qui trahissait une violence sous-jacente. Tu crois que ça va suffire ? Que tes petites manœuvres vont nous sauver tous les deux ?
Frank garda le silence un instant, pesant chaque mot avant de répondre. Il connaissait cette version de Vito, cet homme impitoyable prêt à tout pour obtenir ce qu'il voulait. Mais il y avait aussi quelque chose d'autre. Une étincelle, quelque part derrière le masque de froideur. Une faiblesse, peut-être. Un doute.
- Je suis venu te prévenir, Vito, dit Frank d'une voix basse, sans hâte. Ce n'est pas moi qui ai voulu cette guerre. C'est toi qui as décidé de franchir la ligne. Moi, j'ai toujours voulu maintenir l'équilibre.
Vito éclata de rire, un rire sans joie, froid comme la lame d'un couteau.
- L'équilibre ? Tu te moques de moi, Frank. Nous ne vivons pas dans un monde d'équilibre. C'est un monde où l'un doit dominer l'autre. C'est un monde où seul le plus fort survit. Et tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas toi qui régneras.
Il se redressa, son regard devenant encore plus dur.
- Tu sais ce que j'ai fait pour arriver là, Frank. Ce que j'ai sacrifié. Et tout ça, ça m'a appris une chose : tu peux croire à l'équilibre, tu peux te cacher derrière tes manœuvres politiques, mais à la fin, c'est la guerre qui l'emporte. Et ça, tu ne peux pas l'éviter.
Frank sentit la chaleur de l'adrénaline envahir ses veines. La guerre. C'était exactement ce qu'il avait redouté. Mais il ne pouvait pas se permettre de se laisser emporter par la colère. Pas encore. Il respira profondément, lentement, avant de répondre.
- Si c'est la guerre que tu veux, Vito, tu l'auras. Mais sache une chose, je ne laisserai pas New York tomber dans le chaos. Pas sans me battre. Pas sans faire entendre ma voix.
Les deux hommes se fixèrent, leurs regards se battant silencieusement dans un affrontement invisible, un affrontement qui ne laissait place à aucune victoire facile. Frank savait que cette confrontation n'était qu'un prélude. Les menaces sous-jacentes étaient aussi tranchantes qu'un rasoir, et aucun d'eux ne voulait réellement aller jusqu'au bout. Mais l'un ou l'autre devrait céder. Et cette fois, c'était Vito qui faisait les premiers pas.
- Tu veux me stopper, Frank ? demanda Vito, sa voix devenant plus basse, plus menaçante. Tu veux essayer d'arrêter ce qui est déjà en marche ? Tu es trop lent, trop faible.
Frank serra les poings sous la table. L'insulte ne le toucha pas, mais il savait qu'elle était la clé du bras de fer qui allait se jouer. S'il répondait à l'insulte, il perdait tout. Mais s'il restait calme, s'il restait implacable, il avait une chance.
- J'ai fait tout ce que je pouvais pour éviter ça, répéta Frank, sa voix plus ferme cette fois. Mais je ne vais pas t'acheter avec des paroles. Tu sais ce qui va se passer si tu vas plus loin, n'est-ce pas ?
Vito se redressa, son regard se durcissant davantage.
- Alors fais tes choix, Frank. Mais n'oublie jamais une chose : un homme comme moi, il ne craint rien. Pas même toi.
Frank le fixa, ses pensées tournant en cercles. Il y avait un froid dans la pièce, un froid qui n'avait rien à voir avec la température. C'était le froid de la trahison, du sang déjà versé, du pouvoir qui se jouait à chaque mouvement. Le monde qu'ils s'étaient construit, à deux, avait disparu en quelques mois, détruit par la seule ambition de Vito. Et il n'y avait plus de retour possible.
- La guerre est inévitable, dit enfin Frank, sa voix calme mais lourde de sens. Tu as fait ton choix, et moi aussi. Je n'ai pas peur, Vito. Mais tu vas le regretter.
Vito sourit, mais ce n'était pas un sourire amical. C'était un sourire de victoire, prématuré.
- La guerre, Frank ? Elle commence déjà. Et c'est toi qui l'as lancée.
Et à cet instant précis, Frank sut que tout ce qu'il avait bâti allait se déliter sous le poids de cette vérité. Il n'y avait plus de paix possible. Plus de compromis. Vito avait lancé son attaque, et maintenant, il ne restait plus qu'à répondre.
Les portes se fermèrent derrière lui alors qu'il quittait la pièce. La réalité frappait comme un marteau, chaque coup résonnant dans son esprit. Il n'avait plus de choix. La guerre était là.
Il laissait derrière lui ce qu'il avait cherché à préserver, tout en sachant qu'il ne pourrait pas arrêter la machine. Il fallait maintenant avancer, chaque mouvement, chaque décision le rapprochant d'un abîme qu'il savait inévitable.
Mais au fond de lui, une certitude commença à germer. Ce n'était pas juste la guerre qu'il redoutait. C'était la fin de son amitié avec Vito. La fin de tout ce qu'il avait cru être. Parce qu'aujourd'hui, ils n'étaient plus alliés. Plus rien ne les unissait. Et il n'y avait plus d'issue.
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