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La nuit éternelle

La nuit éternelle

A. Karel

5.0
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Chapitres

Syass, la cité-état est plongée dans une nuit sans fin depuis maintenant des siècles. Le soleil n'est plus qu'un mythe, une illusion, une divinité pour certains. Richard Sweïn, neveu du roi, est propulsé au cœur des intrigues de la ville, lui qui a passé toute sa vie dans une campagne reculée. Invité au palais pour ses fiançailles avec la fille muette d'un comte arriviste. Il va apprendre que les secrets se changent en poison entre certaines mains. Celle d'un prince illégitime aux désirs excessifs, d'une femme prête au parricide pour une couronne et d'un espion illusionniste aux tours macabres. Dans les bas-fonds la ville, un tueur en série ne cesse de frapper. Ses motivations sont elles politiques ou occultes ? La capitaine Arrès, du bataillon des ombres, et sa coéquipière Hazel, avec qui il entretient une relation particulière, se sont jurés de percer les secrets de l'assassin, et par extension ceux de la ville.

Capítulo 1 Chapitre 1 - Les cauchemars de la duchesse Erys

Richard Sweïn

10 ans auparavant

 

Ma mère avance d'un pas rapide. Elle fend la foule dans ses manteaux noirs, elle n'a que faire de leurs regards outragés, elle leur a intimés de s'en aller, et tous se dirigent vers la sortie alors qu'elle évolue à contre sens. Ils s'écartent sur son passage avec déférence alors que tous ici désapprouvent son comportement. Ses cheveux d'or remontés en un chignon bas ne retiennent pas les quelques mèches qui s'échappent. Mais même ces dernières n'égayent pas son visage à l'expression froide et sa beauté glaciale. Elle marche d'un pas leste, elle parait survoler les dalles que sa traîne caresse.

Je ne l'ai jamais vu porter autre chose que du bleu nuit ou du noir et la mort d'Arina ne fait pas exception. Dame Erys fait fuir les badauds d'un geste de la main, elle ne veut pas qu'on la voit défaillir, pas une seconde fois.

Moi je la suis de loin, j'entends les murmures de ceux qui nous jugent. Sur mon passage ils ne s'écartent pas comme pour elle. Il faut dire qu'un enfant inspire rarement la crainte. Mes petits pieds ont du mal à suivre la cadence, elle ne m'a pas encore remarqué. Mais ce n'est pas le cas d'une autre personne, une femme replète dans une robe grossière m'attrape par les épaules.

_Tu ne devrais pas y aller !

Son statut ne lui permet pas de me parler ainsi mais Meredith ne sera pas inquiétée, elle était ma nourrisse et c'est elle qui hérita du surnom de Merey, bien qu'inconsciemment j'aurais préféré l'appeler Mère, cette femme qui semble être vieille depuis ses quinze ans. Elle n'a pas les belles tenues de ma mère, ni sa grâce et sa noblesse de sang, elle n'a pas non plus son port altier ni ses belles parures. Mais ce dont je suis persuadé c'est qu'elle ne possède ni froide méchanceté ni cruel dédain.

Dame Erys donna trois fils au frère du roi, elle ne m'aime pas, ni moi ni mes frères. Mais eux, elle semble les tolérer et parfois je peux même la surprendre en train de perdre sa main dans leurs chevelures blondes, mais ma mère n'a que deux mains. Pas une de plus pour son cadet.

Meredith me retient de ses grandes mains calleuses mais je me dégage rapidement, je suis un enfant trop curieux qui ne sait se servir de son esprit trop dégourdi. J'ai vu la silhouette de ma mère stopper sa course dans l'encadrement d'une porte qu'elle a poussée. Sa longue silhouette recouverte de noir ne vacille pas, seul le vent faisait frissonner le tissu de sa cape.

Je l'ai vu se tendre et aussitôt je me suis glissé entre elle et le mur, elle ne semble toujours pas m'avoir remarqué. Nous étions tous deux dans les appartements de ma tante, sa jeune sœur qui ne semblait pas vouloir vieillir.

Erys a un sursaut et ses épaules s'affaissent, elle porte une main tremblante à sa bouche, tentant vainement de retenir ce qui auraient pu être des pleurs. Je ne l'ai jamais vu verser la moindre larme.

Pas même lorsqu'on a retrouvé Arina, pâle et bleue. Elle était très en colère, puis affreusement triste mais jamais elle n'a pleuré. Elle n'en fera pas plus aujourd'hui. Je ne vois rien derrière son dos jusqu'à ce qu'elle remarque mon agitation et au même instant ma présence.

Elle se retourne brusquement me laissant le temps de voir ce que je n'aurais pas dû. Une femme est allongée dans une baignoire, elle était pâle et calme. Elle ne bouge pas et sa peau fine laisse entrevoir quelques fines veines bleues. Ses cheveux blonds caressent ses épaules, les plus longues mèches flottent sur l'eau, l'eau pourpre.

Ce détail qui trahit l'envers du décor. Ses yeux clos auraient pu nous faire penser à un sommeil sans rêves mais le sang mêlé à l'eau et la vision d'un bras dénudé au poignet rouge nous révèle le sommeil éternel qu'elle a choisi.

Elle s'est tranché les veines, ma tante, et maintenant le froid ambiant de la pièce ne fait plus frissonner sa silhouette à la dérangeante lascivité. Le silence post_mortem n'est contrarié que par le bruit des gouttes d'eau et de sang qui courent le long de son bras pour tomber au sol.

Je n'ose pas faire le moindre geste, pour moi respirer m'aurait fait me parjurer, j'ai l'impression d'être entré dans un temple sacré et d'en avoir profané les saints. Un étau enserre mon cœur et une boule enfle dans ma gorge.

Je veux m'enfuir, je sais que je ne dois pas être là, elle m'a rattrapé. J'ai l'impression que la mort me poursuit, que ses longs doigts se referment sur ma gorge mais qu'elle m'interdit le repos éternel dans un jeu cruel.

L'enfant que je suis l'a bien trop rencontré pour que ce ne soit que de vaines coïncidences, Arina, puis maintenant ma tante. La mort a fait d'une pierre deux coups. Elle sait jouer mieux que nous.

Elle a emporté le père à la guerre, mort en héros méconnu, sans qu'on ne sache vraiment comment, sans qu'aucun de ses proches n'aille fermer ses yeux. Ensuite vint le tour du soleil de cette maison, qui lui nous a déserté comme l'astre l'a fait avec notre ciel. Et maintenant les yeux clos, le visage vide d'expressions, la poupée sordide, l'image qui me hanterait. Elle n'a pas supporté que son égoïste fille ait si facilement accepté lorsque la Mort vint lui demander sa main.

Ma mère me regarde furieusement, elle est à la fois bouleversée et terrifiée, elle me fixe de ses effrayantes prunelles, transcendant mon âme. Qui ne veux sûrement pas plus que l'âme de celle qui vient de se damner, d'après les prêtres du Temple le suicide est plus que prohibé. Selon moi il faut un certain courage pour rire au nez de la faucheuse en lui volant sa besogne. Il me plairait tant de décider de la vie et de la mort, de la mienne et de celles des autres. Mais les élucubrations des enfants sont souvent étranges. À vrai dire, une douleur mortifiante paralyse mes membres et glace mon âme. Ma mère plante ses ongles longs dans mes épaules, et ses yeux dans les miens, son visage déformé à quelques petits centimètres de moi.

_Que fais-tu ici ?

Je n'ose ouvrir la bouche, son irruption m'a tiré de ma contemplation morbide.

_Réponds !

_Je... je ne suis là que par hasard.

_Tu mens !

Pense-t-elle vraiment que je suis impliqué dans la mort de sa chère sœur ? Après tout elle pense aussi que j'ai tué Arina. Je me rappelle ce passage de ma vie avec cynisme, mais je sais qu'il y a dix ans j'étais terrifié. Je tremble entre l'étau de ses doigts, elle me fixe comme un rapace, prête à fondre sur sa proie.

Nous sursautons brusquement, une sirène retentit. Elle résonne entre les murs et ne cesse de grandir. Ma mère se rue à la fenêtre, une fine alcôve qui ressemble à s'y méprendre à une meurtrière, dehors, un homme modestement vêtu, une torche à la main, déambule, ses pieds crissent dans la neige.

_La nuit tombe, braves, la nuit tombe. Rentrez-chez vous, laissez aux spectres vos rues, mais ne leur laissez pas vos familles.

Il a le visage couvert d'un linge noir et partout ou il passe les gens s'en vont, se ruent à leurs domiciles ou tambourinent contre les portes dans l'espoir que quelqu'un les accueille charitablement. Il tonne ces mots de sa voix de stentor, nous ne savons ce qu'était le jour, nous ne le connaissons que dans les comptines et les chansons. Seuls les mythes d'un temps passé nous rappellent son existence. Et même les aïeux de nos aïeux ne peuvent se vanter d'avoir eu la peau caressée par la douce chaleur d'un rayon de l'astre maudit. Mais nous avons gardés certaines expressions, la nuit tombe, la nuit officielle, la nuit de tous les dangers. La sirène résonne plus forte encore, elle me fait peur, elle glace mon sang, elle chante dans ma tête et je veux qu'elle s'en aille.

Nous le maudissons, ce Soleil, depuis qu'il s'est enfuit, plongeant ses enfants dans les ténèbres. Ces ténèbres ou les monstres et les spectres se sont développés. Mais nous le prions aussi, pour qu'il daigne revenir. Les spectres se nourrissent d'êtres humains, et la technologie de nos campagnes ne nous permet pas de lutter contre eux. Lorsque l'homme au visage couvert entre dans les rues, ce n'est que pour nous annoncer le début de la nuit conventionnelle, celle qui tombait avant, et le moment propice aux spectres pour sortir de leurs tanières et terroriser les êtres.

Nous ne savons pourquoi ils ne nous attaquent pas avant, pourquoi est-ce qu'ils attendent ce moment précis. Mais nous savons qu'ils viennent frapper à nos portes et que nous ne devons leur ouvrir.

Et quand on les regarde, ils nous voient aussi.

Ma mère est cachée derrière un rideau et fixe la porte, nous ne pouvons quitter cette tour, la demeure de mon père est bien trop loin pour être rejointe à pied alors que la nuit vient de tomber. Il nous faudrait traverser la grande rue, passer près de l'homme au masque et risquer de se faire avoir par les dents acérées des êtres difformes, des ombres noires. Et l'homme au masque rit, il rit encore et encore et je n'ai jamais compris pourquoi. Il offre des regards sordides aux gens qui n'ont nulle part où aller, il les fixe et parfois tire son masque brusquement pour qu'ils voient son sourire difforme, sa pire cicatrice.

Le ciel bleu nuit menace de nous tomber dessus mais je préfère contempler son immensité que les venelles noires. Je préfère lever mes prunelles du corps dans vie avant que celui-ci se lève et décide de faire de nous un mets des plus délicats.

Elle referme brusquement la lourde porte de bois qui menait aux bains. Puis elle s'approche de sa sœur, et touche du bout des doigts sa tête blonde similaire à la sienne puis décide brusquement qu'une suicidée ne mérite pas ses larmes.

Elle décidé aussi que les prunelles de son enfant n'ont pas à rencontrer les yeux clos d'un cadavre. Ou alors que sa chère sœur, dans la mort, n'a pas à être accompagnée par le regard de celui qu'elle considère comme l'assassin de sa fille.

_Ne parles à personne de ce que tu as vu.

Son ton a quelque chose de froid, un froid polaire, un froid un mordant.

_Je reste là, va-t'en si tu en as le courage.

Ce n'est pas du courage que de flâner au milieu des spectres, ce n'est qu'inconscience. Et elle le sait, mais elle se moque que je sois courageux ou inconscient. Mais je ne bouge pas, je me suis assis sur le lit à baldaquin de ma tante, il aurait pu aisément accueillir trois personnes. J'ai l'impression de me noyer.

Erys tourne en rond jusqu'à ce qu'un morceau de papier n'attire son attention, dehors une fine pluie bat le carreau refermé, elle attrapa la feuille, celle-ci a une vague odeur de cendre. Elle la déplie, dos à moi, ses yeux parcourent ce qui y était inscrit mais trop rapidement pour qu'elle puisse tout lire et d'un geste brusque, elle froisse la feuille et la déchire. Elle ne veut pas lire la lettre de sa sœur suicidée. Elle ne pourra plus jamais la lire.

Ses yeux lancent des éclairs et quand ils rencontrèrent les miens je peux y lire toute l'horreur qu'elle y cache. Elle parcourt les bons mètres qui nous séparent et je recule jusqu'à ce que mon dos rencontre la tête du lit.

Soudain, un bruit résonne dans la chambre, trois fois. Nous nous retournons en même temps, celui-ci provient de derrière la porte close, la porte de la salle de bain, celle qui mène au cadavre de ma tante. Un frisson me parcoure l'échine, mon cœur bat à tout rompre, mon sang pulse dans mes artères. J'ai le vertige.

J'ai le souffle coupé jusqu'à ce que de nouveaux bruits se fassent entendre derrière la porte. Je sens le corps de ma mère se tendre près de moi, elle aussi sait que ce qu'il y avait derrière cette porte, ce n'était pas l'âme de sa petite sœur. J'entends une main griffer le battant, longuement et pendant plusieurs minutes, ce fut le signal d'alarme qui permet à ma mère d'attraper le tisonnier. Elle le serre entre ses mains, aussi pâle que son visage.

Moi je suis pétrifié derrière elle, je n'ose respirer de peur que l'on m'entende.

La porte grince, doucement, une main noire et difforme s'en échappe.

_Je croyais que les spectres n'entraient pas dans les maisons ?

Je ne m'entends pas parler.

_Ils sont attirés par la mort, souffle-t-elle d'une voix blanche.

Je ne veux pas que la porte s'ouvre plus, je ne veux pas voir dans l'entrebâillement. J'ai mes mains plaquées sur mes yeux, j'entends ma mère frapper le vent, j'entends sa respiration et les murmures de l'ombre ramper sur le sol. Elle évolue dans un bruit de claquements insupportable. Comme des os brisés.

Je me retourne contre la porte d'entrée des appartements puis je saute du lit. J'ai tellement peur qu'une forme cachée sous le lit m'attrape que je bondis sans rien regarder de ce qu'il y a autour de moi. Je me rue sur la porte dont je pousse le battant.

Ma mère est déjà dans l'escalier et je la distance rapidement. Elle ne m'a pas attendu, je fais la même chose. Nous descendons les escaliers quatre à quatre, mes mains courent sur la pierre presque aussi vite que mes jambes sur la volée de marches.

Nous ne nous arrêtons pas, devant moi la lueur d'une torche décrit la lourde porte de la tour, celle qui mène à l'extérieur. Je suis à deux enjambées de l'attraper. Plus que quelques mètres.

Ma mère rate une marche et tombe au sol. Son tisonnier roule jusqu'à mes pieds et derrière elle, lentement, s'élève une forme sombre. Haute et semblant frôler le sol, le corps difforme, les bras longs et déstructurés et surtout les yeux luisants. Sa large bouche se découpe dans le noir.

Mon cœur se serre à cette vision infernale, il fait tellement froid, j'aurais tout donné pour qu'une âme, peu importe laquelle me sauve de cette apparition. Mais il n'y a que moi.

J'attrape la torche et je mets le feu aux rideaux, tous s'enflamment pour ralentir la créature alors que ma mère se relève dans un froissement de tissus. Nous quittons tous deux la tour au pas de course, ses robes sont déchirées, sa coiffure défaite et ses genoux écorchés.

Le rire du sonneur de la nuit est encore là, il me hante, me poursuit.

Dehors nous entendons un cheval qui hennissait. Nous courrons et je serre désespérément entre mes doigts ma torche de feu grégeois, elle me rassure, elle est ma seule amie. Un homme se tient sur un cheval qui se cabre, il fend les airs de sa longue épée et lorsqu'il nous voit, la terre tremble jusqu'à ce qu'il nous rejoigne.

Le cheval semble aussi terrorisé, il a l'œil fou et ne se calme pas, même quand ma mère monte sur son dos et s'accroche à la taille large du chevalier dans sa rutilante armure. Celui-ci m'attrape par le bras et me fait mal dans le souci de me sauver. Il me serre contre son torse et éperonne un cheval qui part au galop pourchassé par des créatures hideuses que je n'ose regarder et qui se jettent à ses pieds.

Allein est l'un des plus fidèles chevalier du royaume, celui-ci reste loyal à mon père tant et si bien que lorsque son cheval tomba au sol sous les attaques répétées des spectres il ne cesse de me serrer contre lui, nous sommes si proches du château.

Nous courrons encore, les cheveux longs de ma mère s'ébattent autour d'elle dans la pâle lumière, elle n'a dans les yeux que les portes du château qui ne s'ouvrent pas. Allein, quant à lui, semble trancher tout ce qui l'approche, mais rien ne tombe et les bruits de craquements se font insupportables. Les hurlements aussi.

_Laissez-moi entrer !

Elle hurle à s'en briser la voix et tape de ses petits poings contre le battant de la porte, elle a toujours en main le tisonnier en métal, son arme de fortune tant de fois tombée et tant de fois ramassée, contrairement à moi qui ai lâché ma torche.

Cette nuit, vais sûrement mourir. De peur et sous les attaques répétées des monstres que je ne veux voir. Leurs dents saillent et aux extrémités de leurs trop longs membres, leurs mains affreuses tentent toujours de m'attraper. Allein a du mal à respirer et ma tête contre la peau trempée de sueur son cou est ballotée de tous côtés.

_Laissez entrer votre dame !

Pas une seule fois il pense à se sauver lui, lorsque la porte s'entrouvre dans un bruit lourd et agressif, Erys entre la première et cours jusqu'au centre, elle passe la herse qui n'est que partiellement levée et quand elle est enfin en sécurité ses pieds ne la tiennent plus et elle s'effondre au sol. Sa tête dans ses mains, prostrée, haletante.

Le chevalier tranche quelques membres de plus avant de me laisser courir à mon tour, il me talonne et s'empresse de me protéger comme il vient de le faire jusque-là. Erys se moque bien de ma vie et pour elle il aurait été problématique qu'Allein meure.

Bien que les chevaliers soient habitués à donner leur vie pour leur dame. Mais Erys est la dame de mon père et il la serre immédiatement dans ses bras, dès qu'il l'aperçoit. J'entre à mon tour, précédé par Allein. Et je jure avoir vu une lueur de soulagement dans les prunelles bleues de mon père. Il paraît totalement dépassé par les évènements, jamais il ne se laisse aller à ses sentiments et pourtant je peux voir l'espoir et le désespoir au fond de ses yeux. Il a tant souffert de la peur que la finalité de l'histoire le laisse sans voix.

Il passe une main dans mes cheveux, une main dure mais presque tremblante, et il remercie Allein bien plus qu'il ne doit. Mais moi, je ne pense plus qu'aux êtres que la mort a emportés et aux créatures terrifiantes qui de leurs longues mains ont souhaités m'attraper et me happer dans leurs ténèbres. Elles l'ont voulu tellement fort.

Elles souhaitaient dévorer mon cœur comme elles ont dévoré le cheval d'Allein, et elles le souhaitent encore. Demain, on incombera le meurtre de ma tante aux spectres qui hantent nos nuits, le suicide l'aurait parjurée, mais un meurtre de plus ou de moins cela ne change rien. Il y a des tas de gens dont elles ont arraché le cœur, les vies, des peuples entiers qui n'ont pas trouvé ou se cacher, qui n'ont pas couru assez vite. Tant de personnes que nous ne pouvons recenser.

Les hommes, les spectres, les vivants les morts, c'est du pareil au même.

Tous sont cruels et ne veulent que te voir sombrer, être happé par les ténèbres et avalé par la nuit avec qui ils ne font qu'un.

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