Lose Hope

Emportée par le courant, j'essaye d'atteindre la rive. Mais les mots sont tranchants. Comme un bateau à la dérive, j'atteins les profondeurs. J'ai essayé de crier mais personne n'a su entendre ma détresse, étouffée par les vagues de plus en plus violentes. Je me débats mais je sais que cela ne sert à rien. . .

Dans l'obscurité de la nuit, je me prends à songer d'être aimée. De ne plus être détestée. Mais ce n'est qu'un rêve. Il faut que mes espérances cessent. De toute façon, ça ne changera jamais. Je serai toujours moi. Et rien de plus.

C'est moi le problème. . .

C'est la phrase que je me répète au bord du précipice. Je me penche un peu plus vers l'avant. Je n'ai plus peur. Non je n'ai plus peur. Que peut-il arriver de toute façon ?

Il me suffit d'un pas pour basculer de l'autre côté. Un pas pour ne plus rien sentir, pour oublier. Un pas pour leur prouver qu'ils ont raisons. Un pas pour oublier la souffrance. Les insultes, les coups, les rumeurs, leur regard.

Je ferme les yeux de toutes mes forces à m'en faire mal. Mais son regard me revient en mémoire. J'ai mal. Mal de l'avoir fait prendre autant de place dans ma vie. Il fait partie de ma vie. Je ne veux pas lui dire adieu. Mais c'est mieux ainsi. . . pour lui. Je suis toxique. Personne ne peut m'approcher. Je ne suis pas une fille bien. Je ne mérite pas d'être aimée et surtout pas par lui ! Je mets ma jambe dans le vide. Vas-y Ever, qu'attends-tu ? Ne rêve pas, personne ne viendra te sauver. De toute façon, tu es déjà morte à l'intérieur, il n'y a plus rien à sauver !

Un soupir s'échappe de mes lèvres. Une larme descend le long de ma joue, suivie par une seconde et une troisième. . . mon visage inondé de larmes je regarde le ciel. La dernière fois que je pourrai regarder ce magnifique ciel constellé d'étoiles.

Puis son regard, sa main protectrice sur mon épaule, la façon qu'il a de passer sa main dans son cou quand il réfléchit, sa fossette, tout me revient en mémoire. Le jour où il a ramassé mes cahiers tombés par terre. Son air de se foutre des autres alors que tous les regards étaient braqués sur lui.

Mon âme est semblable à un miroir sur lequel on a donné des coups. Tellement de coups qu'il se fissure puis se fracasse sur le bitume de ma vie. Quand enfin quelqu'un daigne ramasser les débris de verre qui jonchent le sol, c'est déjà trop tard. Parce que la poussière a caché les plus petits morceaux. Certes ils sont petits mais ils sont indispensables pour faire tenir le tout ! Au moindre coup tout peut s'effondrer. Maintenant il suffit de se pencher, de regarder d'un peu plus près pour voir les fissures qui ornent le miroir semblable à des cicatrices. Oui, mon être est constellé de cicatrice.

Je ferme les yeux de toute mes forces, serre mes poings. Je repense au mot posé sagement sur mon lit qui attend mes parents. Ces mots que j'ai écrit avec mon écriture la plus appliquée. C'est la moindre des choses que je puisse faire !

" Oui les mots peuvent tuer, ils sont fourbes. Ils détruisent à petit feu. On pense qu'on peut gérer et puis un jour on se réveille et on ne peut plus. . . ce n'est plus possible, alors je m'excuse si je peux blesser certaine personne en faisant cela. De toute façon y a t-il vraiment des gens qui tiennent à moi ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je veux juste que ça s'arrête. La souffrance est telle que je ne peux continuer. Je suis différente. Pas comme eux et je ne serai jamais accepter parce que je n'ai pas ma place. Je suis trop nulle pour faire partie de leur clan. Trop nulle pour être aimée. Trop nulle pour tout. Je ne mérite pas de vivre. Adieu. Signé Ever"

Cette fois, je le sais au plus profond de mon être, ce que je dois faire, et je ne reviendrai pas en arrière. J'ai la certitude de prendre la bonne décision. . .