La vie de Jean-Loup, cĂ©libataire endurci, employĂ© dans les pompes funĂšbres, se trouvera bouleversĂ©e le jour oĂč il apprendra ĂȘtre l'hĂ©ritier d'un oncle, riche homme d'affaires canadien, rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©. En allant rĂ©cupĂ©rer la dĂ©pouille de ce dernier, il croisera la route d'une bande de braqueurs amateurs. S'en suivront dĂšs lors des Ă©vĂ©nements peu banals. Ă PROPOS DE L'AUTEUR Auteur d'un premier livre, mĂ©lange d'autobiographie et de poĂ©sie, Philippe Jackart a dĂ©cidĂ© cette fois de changer de style, pour laisser divaguer son inspiration, sans toutefois s'Ă©carter de la rĂ©alitĂ© des choses. Il en dĂ©coule alors une histoire originale et rocambolesque.
Le tĂ©lĂ©phone sonna Ă huit heures quinze, Jean-Loup ouvrit un Ćil, puis le referma et se mit la tĂȘte sous l'oreiller. On n'a pas idĂ©e de dĂ©ranger les gens Ă une heure pareille un samedi matin, pensa-t-il. D'autant plus que la veille, il avait un peu trop arrosĂ© le dĂ©part Ă la retraite d'un collĂšgue de travail, et que la soirĂ©e s'Ă©tait terminĂ©e trĂšs tard, ou plutĂŽt trĂšs tĂŽt devrais-je dire. Ă la dixiĂšme sonnerie, le tĂ©lĂ©phone se tut. Jean-Loup crut enfin pouvoir se rendormir tranquillement, quand tout Ă coup un nouveau concert tĂ©lĂ©phonique retentit.
Mais qui peut m'en vouloir à ce point, dit-il en maugréant. Il se leva péniblement et se dirigea vers l'appareil. Ayant saisi le combiné il décrocha un « Allo » qui paraissait venir d'outre-tombe tant son état était comateux. Heureusement, la voix à l'autre bout du fil était beaucoup plus claire et les phrases qui en sortirent parfaitement audibles et précises. Jean-Loup écarquilla d'abord les yeux, puis ouvrit grand la bouche et finit par s'asseoir sur une chaise.
Jean-Loup est un robuste gaillard, trente-cinq ans, cĂ©libataire de son Ă©tat, profitant de la vie et de la bonne chair avec ses copains, bref, un vrai Ă©picurien. D'un esprit assez simple et d'une intelligence moyenne, son niveau d'instruction n'Ă©tant pas trĂšs Ă©levĂ©, ayant arrĂȘtĂ© ses Ă©tudes assez tĂŽt pour suivre un apprentissage. Il faut dire que l'Ă©cole ne l'intĂ©ressait pas du tout, et puis son caractĂšre et son air goguenards avaient le don d'agacer ses professeurs. C'est donc avec un certain soulagement que sa maman signa pour son fils, alors mineur, un contrat d'apprentissage chez un boucher. Elle qui se demandait souvent ce qu'elle pourrait bien faire de son gamin, tant il Ă©tait mĂ©diocre Ă l'Ă©cole. Cette femme courageuse avait Ă©levĂ© seule son fils, et l'autoritĂ© paternelle avait fait dĂ©faut. De plus, souvent elle rentrait tard le soir, bien fatiguĂ©e par ses mĂ©nages, et le petit Jean-Loup se retrouvait seul, livrĂ© Ă lui-mĂȘme. Heureusement, il n'avait pas mal tournĂ©. Paradoxalement s'il n'aimait pas l'Ă©cole le jeune Jean-Loup adorait les livres, mais pas n'importe lesquels. Ceux qui parlent de la nature avec de belles photos d'animaux, de paysages montagneux, et de lacs. Il pouvait passer des heures Ă rĂȘvasser dans ses livres. Ă l'inverse de l'Ă©cole, son apprentissage en revanche ne s'Ă©tait pas trop mal dĂ©roulĂ©, Ă part dans les premiers temps oĂč il avait dĂ» se soumettre Ă la discipline ainsi qu'Ă l'autoritĂ© patronale, mais il s'Ă©tait vite adaptĂ©. Le travail en lui-mĂȘme ne lui dĂ©plaisait pas. Faire ça ou autre chose, pour lui l'essentiel Ă©tait de ne plus retourner Ă l'Ă©cole. C'est pourtant ce qu'il devait faire une semaine par mois pour suivre les cours professionnels. C'Ă©tait sans doute pour lui la partie la plus dĂ©sagrĂ©able. Cependant avec beaucoup de persĂ©vĂ©rance et quelques coups de pied aux fesses donnĂ©s par le patron, trois annĂ©es plus tard, Jean-Loup obtint son CAP. Le patron ravi l'embaucha aussitĂŽt, et Jean-Loup travailla Ă la boucherie jusqu'Ă son service militaire effectuĂ© en Allemagne. De cette pĂ©riode, il n'a gardĂ© que le souvenir des tavernes Ă biĂšre et autres clandĂ©s oĂč un soir de dĂ©bauche il Ă©tait devenu un homme. Plus sĂ©rieusement cette fois, il avait passĂ© tous ses permis de conduire, ce qui lui permettrait peut-ĂȘtre plus tard d'agrandir ses horizons professionnels une fois revenu Ă la vie civile, et puis aussi de se dĂ©barrasser de sa vieille mobylette qui lui servait de moyen de locomotion. Son service militaire terminĂ©, il revint vivre avec sa maman, mais ne retourna pas travailler Ă la boucherie, il se fit embaucher dans une grosse entreprise de pompes funĂšbres comme chauffeur, et porteur. Ce qui lui faisait souvent dire « Avant je bossais dans la viande fraĂźche, aujourd'hui je suis dans la viande froide ». De cet humour douteux, il en abusait souvent, et cela pouvait choquer certains qui ne le connaissaient pas ou peu. Un jour, il Ă©tait passĂ© prendre une de ses conquĂȘtes Ă la sortie de son usine, avec son vĂ©hicule de service, autrement dit un corbillard. Le gag n'Ă©tait pas passĂ© inaperçu, et chacun avait apprĂ©ciĂ© Ă sa façon. Certains Ă©tonnĂ©s, d'autres morts de rire, c'est bien le moins que l'on puisse dire. D'autres encore furent choquĂ©s, ce fut d'ailleurs le cas de la dulcinĂ©e qui refusa de monter dans le vĂ©hicule et qui rompit illico. Rien ne la fit changer d'avis, pas mĂȘme les roses envoyĂ©es Ă son domicile pour se faire pardonner. LĂ aussi, il avait poussĂ© le bouchon puisqu'il les avait fait mettre en couronne. Vous pensez bien que ce n'Ă©tait pas fait pour arranger les choses. Une autre fois, et sous prĂ©texte qu'il enterrait la vie de garçon d'un copain, ils avaient dĂ©barquĂ© au bal d'un village voisin, avec le mĂȘme vĂ©hicule. LĂ aussi, cela avait produit son effet, et si certains avaient bien rigolĂ©, ce ne fut pas le cas de son patron quand il apprit la nouvelle relayĂ©e par la presse locale. Le vieux pĂšre « Lachaise » de l'entreprise du mĂȘme nom convoqua Jean-Loup, et aprĂšs un savon carabinĂ©, lui infligea deux jours de mise Ă pied. AprĂšs cette mĂ©saventure, il ne fit plus de bĂȘtises, et devint mĂȘme un employĂ© modĂšle tant et si bien qu'aprĂšs avoir regagnĂ© la confiance de son patron celui-ci lui donna de la promotion. Au fil du temps, ses conquĂȘtes s'Ă©taient espacĂ©es pour laisser la place Ă ses deux passions, la pĂȘche et la chasse. Jean-Loup rentra dans un cĂ©libat plutĂŽt douillet, ce qui lui convenait parfaitement. Non pas que les femmes le laissaient indiffĂ©rent, mais elles avaient surtout tendance Ă l'encombrer. Cependant parfois, et pour l'hygiĂšne comme il disait, Jean-Loup rendait visite aux dames de la rue Jeanne d'Arc qui au contraire de celle-ci n'Ă©taient plus pucelles depuis trĂšs longtemps.
Au dĂ©cĂšs de sa maman, il se retrouva donc seul avec pour simple compagnie son Setter irlandais fidĂšle compagnon de chasse. Il avait hĂ©ritĂ© en outre de la petite maison qu'il occupait avec sa maman ainsi que de la vielle Renault cinq qui se trouvait dans le garage et qui n'avait pas vu la route depuis des lustres. S'il ne roulait pas sur l'or, Jean-Loup avait de quoi vivre dĂ©cemment et pouvait assouvir ses deux passions, il ne lui en fallait pas plus pour ĂȘtre heureux. La vie avait donc continuĂ© ainsi, paisible, sereine, jusqu'Ă ce fameux coup de fil un samedi matin.
Chapitre 1 No.1
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Chapitre 2 No.2
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Chapitre 3 No.3
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Chapitre 4 No.4
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Chapitre 5 No.5
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Chapitre 6 No.6
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Chapitre 7 No.7
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Chapitre 8 No.8
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Chapitre 9 No.9
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Chapitre 10 No.10
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Chapitre 11 No.11
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Chapitre 12 No.12
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Chapitre 13 No.13
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Chapitre 14 No.14
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Chapitre 15 No.15
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Chapitre 16 No.16
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Chapitre 17 No.17
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Chapitre 18 No.18
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Chapitre 19 No.19
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Chapitre 20 No.20
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Chapitre 21 No.21
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Chapitre 22 No.22
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Chapitre 23 No.23
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