Login to Kifflire
icon 0
icon Recharger
rightIcon
icon Historique
rightIcon
icon Déconnexion
rightIcon
icon Télécharger l'appli
rightIcon
5.0
avis
125
Vues
38
Chapitres

XXIVème siècle. L’humanité a quitté la Terre depuis cent vingt-huit ans, échappant de peu à son explosion. Le reste de l’espèce humaine vit alors sur un vaisseau baptisé le Colonia, et espère trouver un nouvel astre à coloniser. Après un rude et long voyage à travers les confins de l’espace, des scientifiques font la découverte inattendue d’une planète habitable. Dès lors, les membres du Conseil décident d’y envoyer une équipe en mission de reconnaissance. Toutefois, une mystérieuse découverte va entraîner une série d’événements inattendus. Kyra Na Colo, une jeune passagère, serveuse dans un bar appelé l’Oasis, va voir sa vie basculer à la suite de sa rencontre avec Maverick Stone, officier recruteur et membre du Conseil. Ils vont ensuite s’imbriquer dans un engrenage dans lequel il leur sera impossible de faire machine arrière. Les deux protagonistes vont alors très vite se retrouver dépassés par les circonstances… À PROPOS DE L’AUTEUR Alain Heible est un jeune auteur passionné depuis toujours par l’écriture et la science-fiction. Après avoir exploré d’innombrables œuvres telles que les romans, les jeux vidéo, les bandes dessinées et les séries audio, il devint évident pour lui de construire, à son tour, un univers riche et ambitieux. Il fit donc le choix de laisser libre cours à sa créativité en concevant Colonia, son premier roman publié.

Chapitre 1 No.1

Partie I

Secret

1

Kyra Na Colo astiquait son bar pour faire disparaître les traces de condensation que laissaient les verres de bière. Elle trouva également le temps, entre deux commandes, d’aller récupérer les chopes vides que ses clients omettaient de lui rapporter.

— Tu nous en remets deux, ma belle ?

— Aucun problème Jessy, j’arrive de suite.

L’Oasisétait constamment submergée par la foule. La quasi-totalité des passagers du Coloniavenait y prendre du bon temps. Certains aimaient boire une bière en équipe à la fin de leur vacation. D’autres s’y rendaient pour faire des rencontres, ou pour s’amuser. D’autres encore venaient uniquement pour observer les danseuses holographiques. Que ce soit les mécaniciens, les officiers, les agents d’entretien ou n’importe qui, tout le monde s’accordait à dire que cet endroit était un havre de paix. Sauf Kyra.

Employée dès son plus jeune âge, elle était d’abord contrainte de s’occuper de l’approvisionnement des stocks et de la manutention. À l’adolescence, elle fut réaffectée à la comptabilité pour gérer à la fois l’économie et la logistique pour lesquelles elle était instruite. Cependant, une fois sa puberté terminée et son corps développé, son patron décida de l’employer en tant que barmaid. Sans trop s’y attarder, il lui expliqua qu’une jolie fille pousserait davantage les clients à la solliciter, et donc à consommer.

— Hé, chérie, tu veux pas discuter un moment avec nous ? Tu pourrais nous montrer ce que tu caches en dessous de ce petit haut.

— Nan désolée… J’ai pas le temps, j’ai beaucoup de travail.

Kyra passait son temps à encaisser les remarques sexistes et sexuelles de ses clients un peu trop saouls. Les dents serrées, elle répondait toujours le plus poliment possible. Ravlock Nessah, son patron, avait été très clair à ce sujet :

— Tu ne ripostes pas, et le plus important, tu gardes toujours le sourire.

Elle avait alors rétorqué :

— Et s’ils en viennent aux mains ? S’ils me touchent ? J’aurais le droit de me défendre ?

Ravlock ne voulait rien savoir.

— Écoute, contrarier les clients c’est mauvais pour le business. Si l’un d’entre eux te touche, viens me le rapporter. Je me chargerai personnellement de le corriger.

En tout cas, sourire ou pas, il y en a bien un ou deux qu’elle aurait volontiers envoyés au tapis. Mais heureusement pour elle, ce n’était jamais arrivé jusqu’aux mains. Mais son patron ne plaisantait pas, et jusqu’à preuve du contraire, il lui fournissait l’essentiel vital. Peu lui importait, puisque de toute façon, elle ne comptait plus rester ici très longtemps.

Lorsqu’elle reprit position derrière le bar, elle se mit à essuyer quelques verres et s’accorda une minute pour souffler. L’immense pièce tamisée pouvait accueillir approximativement trois cents personnes. Les murs et le plafond étaient entièrement faits de métal, et des bandes LED étaient disposées çà et là pour simuler une ambiance festive. Globalement, l’endroit ressemblait plus à un grand dépôt réaménagé plutôt qu’à un bar terrestre. Évidemment, tout ce que la jeune femme savait des bars, elle l’avait appris dans les encyclopédies numériques de la bibliothèque du Colonia.

Kyra balaya distraitement la salle de gauche à droite. À la porte principale, de nouveaux clients entraient dans la pièce alors que d’autres en sortaient. Chaque groupe de personnes – pour celles qui ne se trouvaient pas assises au bar – se tenait debout, devant une table haute. Les haut-parleurs diffusaient une musique dynamique, remplie de basses, dont le nom lui était inconnu. L’écran mural situé au fond de la pièce projetait une rediffusion d’un match de football avec une résolution gigantesque.

Un match sur Terre, songea Kyra, amusée.

Les matchs de football ne se disputaient plus sur du gazon et encore moins sur la Terre. Non, aujourd’hui ils se disputaient en apesanteur et à bord du Colonia. L’environnement était différent du football classique, mais les règles restaient globalement les mêmes. Sur sa droite, elle aperçut un groupe de parieurs. Le petit attroupement était en train de murmurer des pronostics sur l’un des combats clandestins qui aurait lieu le soir même. Certains membres de l’attroupement relevaient de temps à autre la tête pour observer la barmaid.

Pfff… Qu’est-ce que vous voulez que j’vous dise ? Faites le bon choix.

Depuis environ sept ans, Ravlock, son patron, organisait des combats clandestins dans la cave qui devait lui servir de cellier. Une fois par semaine, des passagers volontaires s’affrontaient dans des combats opposant deux adversaires. Le gagnant empochait dix pour cent des gains totaux. Ce qui équivalait approximativement à un mois de salaire ouvrier sur le Colonia. L’activité clandestine avait déjà fait l’objet d’enquêtes au sein du corps officier, mais curieusement, aucune mesure n’avait été prise pour empêcher les combats.

— Alors, comment ça se présente ce soir ?

Kyra sursauta et rattrapa le verre qui faillit lui glisser des mains.

— Ben, ça se passe bien, les parieurs sont là.

Ravlock venait d’arriver derrière la jeune femme. Il dépassait le mètre quatre-vingt-dix et devait au moins peser cent vingt kilos à vue de nez. Il l’observa de haut en bas.

— Mmh… je vois, pour qui ils parient d’après toi ?

— Je n’en ai pas la moindre idée.

Son patron souriait. Il devait probablement sentir à la fois la fébrilité et la détermination dans la voix de son employée.

— Peu importe, tu devrais peut-être rentrer chez toi.

Kyra se figea, abasourdie.

— Mais, mon service se termine dans une demi-heure.

— Je ne t’ai pas demandé à quelle heure tu finissais. Je t’ai demandé de rentrer chez toi. C’est ton anniversaire aujourd’hui, pas vrai ? Alors, du balai, avant que je ne change d’avis.

Elle prit un moment avant de lui répondre. C’était vrai. Selon le calendrier terrestre, le deux avril était son anniversaire. Comment avait-elle pu oublier son propre anniversaire ? Il faut dire que ces derniers temps, elle avait la tête ailleurs.

— D’accord, j’y vais. Je te laisse avec tes clients.

Elle déposa sa serviette sur le bar et commença à s’en aller lorsque Ravlock cria par-dessus son épaule :

— À tout à l’heure, Kyra Na Colo.

Kyra Na Colo

Elle détestait quand on l’appelait par son nom complet. Ce n’était même pas vraiment un nom d’ailleurs. Il y a dix-sept ans, Ravlock avait trouvé Kyra durant la nuit, après avoir fermé boutique. Elle était encore un nourrisson, enveloppée dans une serviette et abandonnée dans une coursive du vaisseau. Seul un petit papier glissé dans la serviette permettait de l’identifier. Il y était écrit son nom et sa date de naissance. Pour des raisons encore inconnues, Ravlock avait décidé de prendre l’enfant avec lui et de l’élever. De ce fait, elle adopta le nom de Na ColoNasignifiait « non-appartenance » et Colopour « Colonia ». Tous les jours de sa vie, son nom lui rappelait qu’elle n’avait aucun héritage, aucune famille.

Kyra traversa différentes parties du vaisseau, elle passa devant le terrain de football, puis prit l’ascenseur pour arriver à l’étage des appartements.Elle croisa plusieurs personnes, mais ne prit pas la peine de les saluer. Comme à son habitude, la jeune femme avançait la tête baissée, les mains dans les poches. Pour arriver à son appartement, Kyra devait traverser la quasi-totalité des coursives de l’étage.

Une fois devant la porte automatique de ses quartiers, elle plaça son œil devant le scanner rétinien situé sur la droite du sas blindé. Le scanner mit quelques secondes avant de vérifier son identité. Une fois identifiée, le boîtier émit une série de trois bipsconsécutifs et la porte s’ouvrit. Comme d’habitude, dès lors qu’elle avait franchi le sas pour accéder à ses quartiers, la porte se referma automatiquement. Athéna, l’intelligence artificielle du vaisseau, lui souhaita la bienvenue.

— Bonjour, Kyra. Bienvenue dans vos appartements.

La voix familière d’une femme robotisée apaisa la barmaid. Sans que la jeune femme puisse répondre, la voix ajouta :

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me solliciter.

La douceur de ces mots presque chantants donnait le sourire à Kyra.

— Prépare-moi une douche, s’il te plaît.

— Très bien, madame, votre douche sera prête dans cinq minutes.

Tous les appartements de cet étage étaient similaires : une pièce, plus ou moins sombre, d’environ vingt mètres carrés, contenant l’essentiel pour vivre. Une couchette une place était installée contre le mur en face de la porte, un bureau se trouvait sur la gauche en entrant dans la pièce et une petite porte un peu plus loin permettait d’accéder à la cabine de douche et à la micro salle de bain. Sur le mur de droite se trouvait la réplique exacte d’une fenêtre. À ceci près que le verre était remplacé par un écran pouvant générer n’importe quel décor. La jeune femme aimait beaucoup ce créateur d’ambiance et se laissait parfois aller à la contemplation de ces décors fantaisistes. Le reste de la place était aménagé par des meubles de rangement.

Quelle connerie !

Kyra se demandait souvent pourquoi elle possédait autant de meubles de rangement. Elle était du genre bordéliqueet il était clair qu’elle devait mener une expédition géologique à chaque fois qu’elle voulait mettre la main sur quelque chose. Autrement dit, ces meubles ne lui servaient pas à grand-chose.

La jeune femme pensa à sa douche et se détendit un peu. Elle relâcha ses épaules et commença à se déshabiller. Elle ôta sa brassière noire imprégnée d’une odeur de bière avant de faire de même avec sa salopette. Kyra avait pour habitude de ne jamais en attacher les bretelles et préférait la porter comme un pantalon. Une fois dévêtue, elle se dirigea vers le miroir se trouvant sur la porte de sa micro salle de bain.

Elle s’observa de la tête aux pieds. Ses cheveux blanc-platine, coiffés en chignon, laissaient apparaître son visage. Un visage fin, avec les yeux d’un vert émeraude. Ses joues étaient légèrement creuses à son goût. Son nez aquilin descendait sur des lèvres pulpeuses et son teint lumineux mettait en avant les quelques taches de rousseur se trouvant sur ses pommettes. Son regard passa d’abord sur sa poitrine, puis sur l’ensemble de son corps.

Kyra appréciait ses formes généreuses, mais se demandait parfois si elles n’étaient pas responsables du harcèlement quotidien qu’elle subissait par les clients de l’Oasis.Avec environ un mètre soixante-dix pour cinquante-quatre kilos, la jeune femme savait qu’elle n’avait pas à se plaindre de son corps. Sa silhouette athlétique et sa condition physique lui avaient jusque-là bien rendu service.

— Votre douche est prête, madame.

— Merci, Athéna. Est-ce que tu peux me mettre un peu de musique ?

— Oui bien sûr, je lance tout de suite une playlist.

Aux premières notes de musique, Kyra commença à se déhancher. C’était exactement le genre musical qui lui plaisait. Évidemment, après toutes ces années, Athéna avait enregistré tout un tas d’informations concernant la jeune femme et notamment les données sur ses goûts musicaux. Elle resta quelques secondes devant le miroir à danser sur le rythme de la musique, sa poitrine se balançant frénétiquement sous les impulsions de son torse.

Oh mon Dieu, si quelqu’un me voyait !

La honte s’installa puis se dissipa aussitôt. Après tout, c’était son anniversaire et elle avait bien le droit de danser nue dans ses appartements si elle le souhaitait.

Dès que le rythme de la musique fût plus calme, elle tira la porte de sa micro salle de bain et s’y inséra. Les restrictions des ressources obligeaient tous les passagers du Coloniaà prendre des douches à vapeur. De plus, chaque passager se voyait attribuer un savon biodégradable par mois et par personne. L’odeur laissait à désirer, mais l’efficacité de ce produit n’était plus à prouver.

Une fois lavée, elle sortit de cette minuscule pièce pour se sécher. Le froid la saisit instantanément.

Tant mieux, ça fait circuler le sang, se convainc-t-elle.

— Athéna, de combien de crédits je dispose ?

Le crédit était la devise utilisée au sein du Colonia. Une monnaie virtuelle déposée sur des comptes en ligne servant pour la moindre transaction. Cet argent était durement gagné par les ouvriers qui se voyaient payés une misère. Le manque de crédit poussait souvent les passagers à la contrebande ou à participer aux combats de l’Oasis

— Vous disposez de six cent vingt-sept crédits.

Une vraie misère.

— D’accord, merci.

— Souhaitez-vous acheter quelque chose en ligne, madame ?

— Ouais, un ticket pour changer de vie.

— Je vous demande pardon ? Je n’ai pas saisi votre demande.

— Nan, laisse tomber, Athéna.

— Très bien, je passe en mode veille, appelez-moi si vous désirez autre chose.

Un bipprolongé indiqua le passage de l’intelligence artificielle en mode veille.

Après s’être séchée, Kyra chercha des vêtements qu’elle pourrait éventuellement porter ce soir-là. Comme d’habitude, elle dut fouiller parmi tous les habits se trouvant au sol. Elle opta finalement pour un treillis camouflage, un haut de compression noir qu’elle utilisait habituellement pour faire du sport et une paire de bottes assorties à son haut, chaussées par-dessus son pantalon.

Kyra retourna brièvement devant son miroir puis observa son propre reflet.

Une vraie guerrière,pensa-t-elle.

Une boule lui noua l’estomac et sa gorge s’assécha. Elle avait peur.

C’est normal d’avoir peur,tenta-t-elle de se convaincre.

Elle serra alors ses poings et redirigea ses pensées vers son objectif : la victoire.

Cette nuit, elle devait gagner.

Cette nuit, elle allait se battre.

Continuer

Inspirés de vos vus

Autres livres par promotion

Voir plus
Chapitres
Lire maintenant
Télécharger le livre